Par Diane Nikuze Nkusi
OXYFAM/Rwanda a réuni ses différents partenaires tant publics que privés dans l’optique de relever les obstacles auxquels font face les femmes productrices des fruits et légumes tout en cherchant des solutions aux problèmes.
Dans un entretien de circonstance, Uwamwezi Marcianne, habitante du Secteur Musheri, District de Nyagatare dans la Province de l’Est, a fait savoir qu’elle avait commencé par une simple culture d’ananas dans un petit champ familial, mais par après, elle est parvenue à créer une usine d’une valeur de cent millions des francs rwandais.
Elle affirme que les résultats obtenus dans son entreprenariat sont le fruit de plusieurs conseils et formations qui l’ont transformée en une cultivatrice et une productrice professionnelle des fruits et légumes.
Uwamwezi Marcianne, habitant du Secteur Musheri, District De Nyagatare dans la Province de L’Est
« En 2009, j’étais une femme d’un revenu moyen, cultivant un tout petit jardin potager parce que j’aimais cultiver. Ce n’est qu’après qu’un agronome apprécia mon jardin d’ananas planté sur un champ de 30 m sur 30 m et, à son tour, il m’a informée qu’il y a des partenaires du District qui possèdent des boutures d’ananas. Il m’a offert les plants que j’ai plantés sur un espace d’un hectare. Cette culture m’a ouvert beaucoup d’horizons pendant que l’ONG Duterimbere m’a accompagnée pour que j’investisse dans le secteur. Cette ONG m’a renforcée dans la création et le contrôle des projets, l’investissement dans l’agriculture des légumes et fruits dans le but de gagner de l’argent. J’ai ouvert les yeux grands et je me suis positionnée comme étant une cultivatrice et une productrice professionnelle des fruits et légumes, même si mes outils ont été endommagés par les désastres », rapporte Uwamwezi.
Quand les ananas plantés ont commencé à croître, Uwamwezi a abandonné son travail habituel contre le gré de son mari. Elle opta toutefois de s’occuper de son travail en se consacrant aussi à l’agriculture dans le souci de ne pas contrarier son conjoint. Mais quand elle a obtenu une bonne récolte d’ananas, elle a arrêté son emploi pour suivre des formations et faire des voyages. C’est à partir de là qu’elle a appris à sécher les graines des bananes et d’ananas, ainsi que la reproduction des plants d’ananas.
« En arrivant chez-moi, après avoir acquis toutes ces connaissances, j’ai débuté avec quatre machines-séchoirs qu’on m’avait données et j’ai appris à les manipuler. Aujourd’hui, je possède plus de soixante-dix machines. Tout cela est le fruit d’une patience qui m’a permis de fournir des ananas et des bananes tous secs aux supermarchés et à quatre hôtels de renom dans la Ville de Kigali. En plus, mon usine produit différentes qualités: jus, confitures et vins. Mon usine est bien structurée en différents départements et je collabore avec trente coopératives locales de cultivateurs qui me fournissent des ananas », a-t-elle informé.
Les femmes cultivatrices des légumes et fruits font face à plusieurs obstacles
Karemera Annonciata représente une usine qui exporte des fleurs. Elle dit que pour qu’une femme arrive à maximiser sa production de fruits et légumes, cela est un réel processus. Il faut qu’elle acquière des connaissances approfondies du marché basé sur la demande et visant de produits standards.
« Nous ne pouvons pas oser dire qu’aucun pas n’a été franchi, mais il y a encore des obstacles chez les femmes qui ont besoin d’être formées en vue d’accroître leur production de légumes et fruits, Les femmes souffrent encore du manque de connaissances en matière d’agro-business. Mais aussi de l’inaccessibilité aux crédits, car leurs maris refusent de signer des contrats en leur faveur. Ces femmes restent incapables de poursuivre leur activité d’agro-business. Elles sont dépendantes de leurs maris à cause de la culture rwandaise », a-t-elle relevé.
Karemera a indiqué que les femmes ont besoin de beaucoup de formations pour bénéficier des connaissances techniques pouvant les aider d’accroître la production des légumes et des fruits, ainsi qu’un chiffre consistant d’affaires et le besoin continuel du mentorship.
Malgré quelques difficultés, l’ONG Duterimbere invite les femmes à cultiver des fruits et légumes en visant la rentabilité
Dativa Mukeshimana, secrétaire exécutive de l’ONG Duterimbere, déclare que leur vision est d’aider les femmes à devenir entrepreneures, à contribuer à l’économie de la famille et du pays, même si le problème des champs handicape certaines d’entre elles.
« Nous travaillons avec des femmes à faible revenu. Nous les encourageons à se lancer dans l’agro-business, en particulier des légumes et les fruits, surtout parce qu’elles ont besoin d’une petite superficie de terre et que les femmes ont du mal à trouver leur propre terre, même si elles en sont propriétaires à 50%. Il existe des exemples concrets des femmes que nous avons aidées pour approcher les petites institutions financières qui ont atteint un niveau satisfaisant de production de légumes et de fruits malgré les nombreux obstacles », rappe-t-elle.
Dativa Mukeshimana, secrétaire exécutive de l’ONG Duterimbere
Le NAEB rapporte que les femmes et les filles consacrent des efforts à l’agriculture
Urujeni Sandrine, Directrice des Opérations de la NAEB, a annoncé que l’agriculture des légumes et des fruits joue un rôle majeur dans le bien-être de la famille et elle est en tête des recettes en devises du pays, mais que les femmes et les filles sont encore peu nombreuses à y participer.
Les femmes et les filles doivent pratiquer une agriculture transformative, en lui conférant de la valeur ajoutée, et en commercialisant ses produits.
« Les femmes et les filles font beaucoup d’efforts dans l’agriculture, mais quand vient le temps de transformer les produits, elles sont très peu nombreuses à s’y engager. Elles représentent moins de 50 %, elles atteignent 30 % des produits sur le marché. Elles mettent beaucoup d’efforts dans l’agriculture, et non pas dans la production », dit-elle.
OXYFAM confirme que les défis pour les femmes qui cultivent des légumes et des fruits sont nombreux
Mukampabuka Immaculée, représentante d’OXYFAM au Rwanda, a annoncé qu’il existe divers obstacles qui empêchent les femmes à cultiver des légumes et des fruits de manière rentable, notamment le manque de capital, le manque de connaissances pour cultiver des légumes et des fruits de manière professionnelle, le manque de confiance en soi, la culture rwandaise freine les démarches commerciales de la femme. Elle doit chaque fois demander une permission à son mari, et si la permission n’est pas accordée, il est difficile d’obtenir un prêt. Il n’est pas facile de travailler dans la culture de légumes et de fruits, avec diverses tâches, car il faut avoir suffisamment de temps pour s’entraîner et penser à le faire de manière professionnelle.
Mukampabuka Immaculée, représentante d’OXYFAM au Rwanda
« Face aux multiples obstacles, en tant qu’Oxyfam, nous formons les femmes qui cultivent professionnellement des fruits et légumes, nous les aidons à obtenir des capitaux et des subventions. Nous travaillons avec les banques pour que les femmes qui veulent du capital mais qui n’ont pas de garantie puissent obtenir les prêts qu’elles veulent. Nous leur fournissons de l’argent au lieu de prêts (subventions) pour un projet qu’ils veulent réaliser. Nous sommes en mesure de transférer la qualité de la plantation à la récolte et de trouver rapidement un marché pour ce qu’elles font, à la fois dans le pays et sur le marché international, et nous appelons les femmes et les hommes à travailler ensemble », a-t-elle dit.
Mukampabuka a annoncé que pour reconnaître les femmes qui devraient être aidées, qu’elles soient productrices professionnelles de fruits et légumes et celles qui souhaitent se lancer, on recourt à l’aide des partenaires et des autorités locales, afin d’identifier les femmes ont le plus besoin d’aide que les autres.
Les légumes et les fruits représentent plus de 50 % des exportations, avec une valeur de plus de 40 millions de dollars, mais des études récentes ont montré que les désastres ont gravement découragé 11 000 femmes qui travaillaient dans la culture professionnelle de fruits et légumes, pour une perte estimée à plus de 5 milliards Frw. (Fin)