Sylvie Ogoudedji;
Kigali: Lorsque Sylvie Ogoudedji a rejoint la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en tant que chercheuse associée en 2019, gagner un prix ne faisait pas partie de ses attentes.
C’est lors de son intronisation à la CEA qu’elle a appris pour la première fois le Concours sur l’innovation qu’entreprend la CEA. Ce qui l’a « vraiment enthousiasmé », était cette nouvelle compréhension – après une recherche sur Google – que « innovation ne signifie pas nécessairement invention » et que « cela peut simplement être une nouvelle façon d’aborder les questions courantes ».
« Je me suis tout de suite dit que je pouvais apporter ma contribution », déclare-t-elle.
Ledit Concours fait partie du programme « Accélérons l’innovation », à la CEA qui vise à reconnaître les contributions du personnel au succès des réalisations programmatiques de la CEA ainsi qu’à favoriser une culture de l’innovation au sein du groupe de réflexion.
Sylvie Ogoudedji, 32 ans, a vu le Concours comme une opportunité pour elle de « parler de quelque chose qui a une importance pour elle : la nourriture ». Elle fait remarquer, avec un sourire, dans son email en réponse aux questions du journaliste – que, « en voyant ma photo, vous remarquerez que j’aime manger ».
Mais son amour pour la nourriture n’est pas égoïste. Elle aspire à une Afrique où chacun a accès à une alimentation saine. Elle est préoccupée par les quelque 300 millions de personnes souffrant de la faim dans les zones rurales et urbaines en Afrique.
«Ce sont des statistiques de ce genre qui m’amène à penser que nous sommes encore loin de la fin du voyage vers une Afrique prospère », déplore-t-elle.
Sa proposition de projet pour le Concours sur l’innovation s’intitule «Développer les nouveaux exploitants agricoles africains».
Elle explique pourquoi «l’agriculture ne doit pas être réservée à une main-d’œuvre non qualifiée et les zones rurales ne doivent pas être des zones d’où les Africains s’enfuient».
Parmi ses recommandations, il y a un plan de relance pour l’agriculture urbaine dans lequel les exploitants agricoles sont équipés de terres, de compétences agricoles modernes, d’un accès au crédit, de maisons modernes résistantes au climat avec des jardins sur les toits et d’autres services qui peuvent attirer les jeunes vers l’agriculture.
Le résultat, note-t-elle, est de «fournir aux pauvres un travail décent, le bonheur d’être propriétaires des maisons dans lesquelles ils vivent, la possibilité de consommer la nourriture qu’ils produisent, de vendre le surplus et de vivre dans un endroit sûr où ils ont accès aux services nécessaires.
La chercheuse associée de la CEA, originaire du Bénin et titulaire d’un doctorat en économie et politique agricoles appliquées soutient que le gouvernement se doit de créer un ministère en charge de ce programme spécifique, et que les bonnes politiques foncières et la bonne gouvernance sont les pierres angulaires de son initiative.
Le Concours a décerné deux grands prix (première position) dans les catégories de l’innovation de fond et de l’innovation opérationnelle – remportés respectivement par Sylvie Ogoudedji et Bineswaree Bolaky.
Bineswaree, Chargée des affaires économiques au Bureau de la CEA pour l’Afrique australe, a centré son projet sur les moyens de « renforcer la manière dont la CEA, en tant qu’institution, apporte son soutien aux États membres sur la ZLECA».
Au total, 18 soumissions ont été reçues pour le Concours sur l’innovation. Les deuxième et troisième prix dans la catégorie de fond sont respectivement Rachael Nsubunga du Bureau de la CEA pour l’Afrique de l’Est et Maame Paterson du Bureau de la CEA pour l’Afrique de l’Ouest.
Dans la catégorie opérationnelle, Ermias Wondie et Kelemwork Kejela (CEA – Addis-Abeba) ont respectivement remporté les deuxième et troisième prix.
Les gagnants du grand prix recevront un mentorat direct d’un membre de l’équipe de direction de la CEA, qui contribuera à développer et à concrétiser les idées des gagnants.
Gagner le grand prix est un «rêve devenu réalité » pour Sylvie qui est également « très heureuse de voir comment la CEA, en plus de tout le travail incroyable qu’elle fait pour notre continent, ouvre une large porte à de nouvelles idées pour une Afrique prospère».
Mme Ogoudedji attribue son succès à ses « collègues et directeur qui l’ont encouragé » au Bureau de la CEA pour l’Afrique centrale et lui ont apporté l’assistance nécessaire pour en sortir victorieuse.
Après avoir remporté les récompenses matérielle et intellectuelle du concours, Sylvie continue de faire étalage de son amour pour la nourriture, affirmant que «en tant qu’êtres humains, rien ne nous unit plus que notre besoin universel de nous nourrir». (Fin)