Des génocidaires repentis agenouillés devant l’autel dans l’Eglise
Six hommes et une femme du district de Rwamagana se sont repentis et ont présenté des excuses aux familles dont ils avaient tué des proches pendant le génocide de 1994 contre les Tutsi.
La réconciliation a eu lieu dimanche dans l’Église catholique de Rwamagana coordonnée par «Abagabuzi b’Amahoro ya Kirisitu», une organisation fondée par le prêtre Ubald Rugirangoda impliqué dans des initiatives de paix et de réconciliation.
Les auteurs ont été pardonnés et invités à encourager leurs camarades à faire de même. Les excuses des auteurs du génocide font partie du programme visant à promouvoir le pardon pour restaurer les interactions sociales et cordiales entre les Rwandais.
Paul Muragwabugabo, originaire du secteur de Ruramira, a participé au meurtre de sept victimes, dont le mari de Liberatha Nakazana. Muragwabugabo a déclaré qu’ils avaient tué les victimes avec de gros bâtons et qu’ils avaient ensuite collaboré avec d’autres pour voler des toitures dans la maison de Nakazana.
«Je plaide coupable et je m’excuse de faire partie du gang qui a tué son mari. Deuxièmement, j’ai conspiré dans le vol. Je m’excuse pour cela », a-t-il dit.
Muragwabugabo a présenté ses excuses à l’église, au gouvernement du Rwanda et aux familles survivantes. Liberatha Nakazana a révélé qu’elle a d’ores et déjà pardonné à l’homme du plus profond de son cœur.
Agnès Uwimana, une vieille femme, a pour sa part expliqué que les prêches de l’organisation fondée par le prêtre Ubald Rugirangoda l’ont poussée à rechercher l’auteur qui a tué ses proches et une femme qui a participé à la démolition de sa maison pour leur accorder le pardon.
«Avant, je me sentais isolée en évitant les interactions publiques de peur de rencontrer des auteurs qui ont tué mes proches. Je ne quittais pas la maison après la libération de cet homme de peur de me tuer. La prédication m’a transformé. Je l’ai invité et pardonné. Cela a soulagé mon cœur, même si l’homme a d’abord douté de mon pardon parce que j’avais l’habitude de l’éviter. Aujourd’hui, la situation a changé pour de bon. Il passe chez moi et interagit normalement avec moi », a-t-elle dit.
Dative Musabyeyezu qui est présidente d’IBUKA, principale organisation des rescapés du génocide dans le district de Rwamagana, a expliqué que présenter les excuses et être pardonné est une bonne étape t franchie par les Rwandais pour promouvoir l’unité et la réconciliation.
Dative Musabyeyezu a révélé que les rescapés du génocide sont heureux pour de tels programmes encourageant les auteurs à présenter des excuses et divulguer des informations concernant l’emplacement des restes des victimes du génocide afin de leur accorder un enterrement décent.
La directrice de la consolidation de la paix et de la résolution des conflits à la Commission nationale pour l’unité et la réconciliation, Laurence Mukayiranga, a déclaré que le pardon est un bon pas vers l’unité et la réconciliation.
«Ceux qui ont demandé pardon après s’être excusés ont ouvert des portes pour améliorer les interactions sociales. La prochaine étape est de s’engager dans la guérison émotionnelle, le conseil, le partage d’informations et la vérité sur le génocide de 1994 contre les Tutsi », a-t-elle souligné.
Les auteurs qui ont demandé pardon ont avoué leurs crimes en prison et ont été libérés. Ils ont bénéficié d’un programme de six mois sur l’unité et la réconciliation. Ce programme les ont aidé à renouer avec des familles offensées pendant le génocide grâce au soutien de l’ONG Abagabuzi b’Amahoro ya Kirisitu fondée par le prêtre Ubald Rugirangoda. (Fin)