Luanda: Le Président rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni ont signé ce mercredi 21 août à Luanda (Angola) un acte d’engagement pour la paix entre leurs deux pays.
Les documents formels des consensus auxquels sont parvenus les deux pays voisins, autrefois alliés mais en froid depuis quelque temps, ont été concrétisés par la signature du Mémorandum d’entente de Luanda
La signature du Mémorandum d’entente de Luanda a eu lieu en présence des Chefs d’Etat RD-Congolais Félix Tshisekedi, angolais João Lourenço et congolais Denis Sassou Nguesso.
Le Rwanda et l’Ouganda sont parvenus à un accord afin de surmonter la tension de longues années qui caractérise leurs relations après des contacts établis par l’Angola avec l’assistance de la République démocratique du Congo, selon une note du bureau civil du Président Lourenço.
«Je remercie profondément les dirigeants angolais et congolais pour leur attitude et leur engagement fraternel à nous aider à trouver des solutions entre l’Ouganda et le Rwanda», a dit le Président Kagame après la signature.
«Je ne vois pas de problème au Rwanda à travailler avec le Président Lourenço, le Président Tshisekedi et plus précisément avec le Président Museveni pour résoudre ce que nous avons convenu de traiter », a ajouté le Président rwandais.
«Je ne pense pas que nous devrions choisir ce que nous mettons en œuvre et ce que nous ne faisons pas. Nous ne manquerons pas de respecter le communiqué, mais aussi nos frères qui nous ont réunis pour parvenir à cette compréhension », a-t-il promis avant de préciser que le Mémorandum aborde très clairement toutes les questions qui fâchent
La méfiance entre Kagame et Museveni, deux alliés des années 80 et 90 lorsqu’ils s’étaient mutuellement aidés à accéder au pouvoir, a éclaté quand le Rwanda a décidé de fermer sa frontière de Gatuna en février dernier.
La tension va monter d’un cran en mars quand le Rwanda a publiquement accusé l’Ouganda d’enlever certains de ses citoyens et de soutenir des groupes rebelles déterminés à renverser son gouvernement. Il avait même déconseillé ses ressortissants à se rendre en Ouganda.
De son côté, Museveni a admis avoir rencontré des rebelles rwandais, sans pour autant leur apporté son soutien. Il a également précisé que les citoyens rwandais arrêtés étaient en fait des espions.
Si cette brouille n’a pas entraîné des conflits armés, le commerce transfrontalier a été impacté. Le prix des denrées alimentaires a augmenté au Rwanda, qui dépend de son voisin, bien plus vaste, pour ses importations. Alors que les petits producteurs ougandais ont du mal à écouler leurs produits.
«Lorsque vous avez une frontière ouverte, vous avez des biens et des personnes. Lorsque vous créez un problème pour que les gens ne traversent la frontière d’un côté à l’autre, vous fermez la frontière aux personnes et aux biens », a reconnu le Président rwandais.
«S’il y a des difficultés liées aux échanges commerciaux qui ne se produisent pas de part et d’autre de la frontière, des problèmes surviennent également lorsque les personnes ne peuvent pas franchir la frontière, lorsque des personnes se font arrêter lorsqu’elles franchissent la frontière, cela affecte la circulation des personnes, des biens et du commerce », a-t-il poursuivi.
Le conflit entre le Rwanda et l’Ouganda a des retombées sur la situation de sécurité en RDC, qui partage avec eux une frontière commune. Après la signature, le Président Félix Tshisekedi de la RDC a tenu à féliciter ses homologues rwandais et ougandais dont il a loué la grandeur d’âme et d’esprit
«D’abord féliciter les Présidents que je qualifierai de grands aujourd’hui, le Président Museveni et Kagame pour leur grandeur d’âme, d’esprit en acceptant de voir ce conflit entre mis de côté et de privilégier les intérêts supérieurs de nos pays c’est-à-dire du peuple. Ensuite je remercie Lourenço de l’Angola qui n’a pas ménagé ses efforts pour nous inviter à deux reprises ici à ficeler cet accord», a-t-il dit.
«N’oublions pas non plus notre doyen Denis Sassou Nguesso de la République du Congo qui a stoppé ses activités pour venir nous épauler dans cette belle cérémonie, un événement grandiose, qui corroborent parfaitement avec ce que sont mes intentions c’est-à-dire depuis mon avènement à la tête de la RDC, j’ai pris l’engagement de voir, en tout cas de contribuer à voir se transformer cette région riche et prospère en havre de paix. Nous avons connu beaucoup de tensions dans cette région et aujourd’hui vous comprenez bien que c’est un grand jour pour moi», a poursuivi le Chef de l’Etat de la RDC.
Ce mini Sommet fait suite aux rencontres tripartite du 31 mai 2019 à Kinshasa et quadripartite du 12 juillet 2019 à Luanda qui avait chargé l’Angola avec l’appui de la RDC de faciliter le processus de dialogue entre le Rwanda et l’Ouganda. Limitée jusqu’ici à la RDC, l’Angola et le Rwanda, le sommet sous régional était élargi à l’Ouganda en juillet, puis, aujourd’hui au Congo Brazzaville.
Les cinq pays sont membres de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), organisation intergouvernementale regroupant 12 pays de la région des Grands Lacs africains. (Fin)