Dr Jean -Luc Namegabe Mastaki
Yaoundé: Le Comité intergouvernemental des Hauts Fonctionnaires et d’Experts (CIE) a débuté sa réunion à Yaoundé au Cameroun avec trois cent participants sous le Thème: Mise en oeuvre rapide de Solutions de recherche et d’innovation pour accélérer la diversification économique en Afrique Centrale et de l’Est. La réunion se tient à l’Hotel Hilton du 15 au 18 Octobre 2024. Le Directeur du Bureau sous-régional de UNECA Yaoundé, Dr Jean -Luc Namegabe Mastaki (JLM) en donne le cadre et l’objectif des travaux dans une interview à André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA): Lire l’interview:
JLM- Les économies de l’Afrique centrale ont été longtemps caractérisées par une forte dépendance aux matières premières. Lorsqu’on regarde par exemple les économies de la CEMAC, on se rend compte que 70 % des exportations de nos pays ont des exportations concentrées sur un seul produit pétrole. Et c’est le pétrole brut. Lorsqu’on va dans l’autre pays comme la RDC, – nous sommes ici sous le large format de l’Afrique centrale-, on se rend compte que les ressources minérales constituent encore une fois la grande part des exportations. Ce sont des produits que nous exportons sans beaucoup de valeurs ajoutées et qui sont souvent sujets aux fluctuations des cours au niveau international. Ça fait que tous nos pays souffrent d’une fébrilité macrocosmique. C’est pourquoi nous à la CEA nous continuons à marteler depuis 2017 qu’il faut donner de la valeur ajoutée à ces produits en promouvant une industrialisation locale qui nous permettra finalement de pouvoir renforcer le niveau du commerce intrarégional qui est très faible. Lorsqu’on regarde au niveau africain, la moyenne est autour 12 à 15 %, mais nous sommes en Afrique centrale; les optimistes parlent de 2 % ; d’autres parlent de moins de 2% du commerce intra-régional . Et donc nous sommes une région qui ne commerce pas avec elle-même. Pourquoi ? Parce que beaucoup de nos produits sont des matières premières que nous ne consommons pas. En des termes simples, quelqu’un dirait que nous produisons ce que nous ne consommons pas. Donc, la diversification économique consiste à augmenter la part des produits manufacturés dans notre basket d’exportation permettant non seulement de créer des emplois, donc l’industrialisation est le secteur qui crée plus d’emplois décents. Vous savez que la population est jeune en majorité. En Afrique centrale, 64 % de la population a moins de 24 ans. Les perspectives d’emplois sont très importantes. C’est à travers une industrialisation inclusive qu’on peut répondre à cela. Lorsqu’on diversifie une économie, on fait face à des chocs exogènes. La crise Covid est passée par là, on a vu les effets, on a vu les effets. Si nous continuons à dépendre des circuits d’approvisionnement extérieurs, nous restons extravertis, nous sommes vulnérables à tout choc qui peut intervenir sur le marché.
ARI- La recherche et l’innovation s’avèrent alors la base de la diversification
JLM- La recherche et l’innovation comme le ministre de l’économie l’a bien souligné, c’est le socle de l’industrialisation et de la diversification économique. La recherche de développement, qu’elle soit publique ou privée, nous permet de créer de nouveaux produits plus élaborés, plus complexes que nous manquons encore, mais qui vont nous emmener aussi vers des produits plus compétitifs. La recherche est cruciale. Pendant les 4 jours que nous allons passer ici, nous allons essayer de passer au crible les défis liés à ces secteurs-là. Deux défis majeurs. D’abord, il y a la problématique du financement insuffisant et durable de la recherche de développement. En Afrique centrale et à l’est, nous sommes à moins de 0,5 pour cent du PIB en moyenne… Il a parlé de l’Afrique du Sud, le Rwanda a fait des efforts aujourd’hui, les pays maghrébins sont en train d’évoluer, il va falloir que nos pays investissent davantage dans la recherche. Il va falloir promouvoir le secteur privé et l’encourager à aller vers la recherche pour promouvoir de nouveaux produits. L’autre défi, le système d’innovation. Il y a un lien entre la recherche et l’innovation. Toute la procédure des brevets, des droits de propriété intellectuelle. Il va falloir que le secteur soit coordonné pour qu’en fin de compte, nos inventeurs soient rémunérés sur base des inventions. Si le droit de propreté n’est pas protégé, il devient difficile de les encourager à innover.
L’autre aspect, c’est la fuite des capitaux qui caractérise nos innovateurs aujourd’hui. Parce qu’ils ne peuvent être rémunérés à l’intérieur, nous sommes en train de perdre nos innovateurs. Il s’agit de mettre en place des stratégies pour les retenir chez nous. (A suivre…)