L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et des ONG partenaires ont lancé, ce mardi à Genève, un appel de 2,7 milliards de dollars américain pour répondre aux besoins humanitaires des réfugiés sud-soudanais en 2019 et 2020.
«En raison de l’ampleur des déplacements, les niveaux de financement ont été largement dépassés par la hausse des besoins», a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) lors d’un point de presse au Palais des Nations. Selon Charlie Yaxley, il faut de toute urgence davantage de soutien et de solidarité pour les réfugiés du Soudan du Sud.
D’autant que sur le terrain, les écoles manquent d’enseignants, de salles de classe et de matériel pédagogique. « Ce qui laisse la moitié des enfants réfugiés du Sud-Soudan en dehors de l’école », a ajouté le porte-parole du HCR. Les dispensaires ont un nombre insuffisant de médecins, d’infirmières et de médicaments.
A noter qu’en 2018, le HCR et ses partenaires n’avaient reçu que 38% des 1,4 milliard de dollars américain demandés pour venir en aide aux réfugiés du Soudan du Sud. Ce faible niveau du financement a conduit à une réduction des rations alimentaires en Ethiopie.
Au Soudan, certains réfugiés et leurs communautés d’accueil doivent survivre avec seulement cinq litres d’eau par personne et par jour, ce qui entraîne inévitablement des tensions. Les opportunités économiques offertes aux réfugiés pour développer leurs propres sources de revenus restent limitées.
Pour l’Agence onusienne, l’une des principales priorités de ce nouvel appel est la promotion des programmes de cohésion sociale parmi les réfugiés et leurs hôtes, afin de garantir la viabilité des deux communautés vivant ensemble de manière pacifique et harmonieuse. «Dans toute situation de réfugiés, il est essentiel que les deux communautés soient aidées », fait valoir le HCR.
Environ 2 million de déplacés internes et plus de 2 millions de réfugiés
La violence sexuelle et sexiste et les activités de protection de l’enfance restent également la principale préoccupation du HCR, car 83% des réfugiés sont des femmes et des enfants. De nombreuses femmes ont indiqué avoir été victimes de viols et d’autres formes de violence sexuelle.
Les femmes ont fait état de meurtres de leurs maris et des enlèvements d’enfants pendant leur fuite. Dans de nombreux cas, les enfants ont également été victimes de violences et de traumatismes extrêmes, y compris la mort d’un ou des deux parents. Beaucoup sont devenus les principaux dispensateurs de soins à leurs jeunes frères et sœurs plus. Des milliers d’enfants ont été recrutés de force comme enfants soldats par des groupes armés.
Cinq ans après le début d’une brutale guerre civile, il y a eu 1,9 million de personnes déplacées à l’intérieur du Soudan du Sud. Plus de 2,2 millions de Sud-soudanais se sont également réfugiés dans six pays voisins : l’Ouganda, le Soudan, l’Éthiopie, le Kenya, la République démocratique du Congo (RDC) et la République centrafricaine (RCA).
«Nous nous félicitons également de la générosité continue des pays hôtes pour le maintien de frontières ouvertes pour les réfugiés du Soudan du Sud en quête de sécurité, compte tenu en particulier des pressions énormes exercées sur les ressources limitées des pays d’asile», a indiqué Charlie Yaxley.
Mais pour l’Agence basée à Genève, s’il y a eu une « relative réduction de la violence dans certaines parties du pays depuis la signature de l’accord de paix revitalisé en septembre 2018 », ce n’est pas encore le moment d’organiser des retours de réfugiés au Soudan du Sud.
«Compte tenu de ses nombreuses violations des initiatives de paix, le HCR ne considère pas encore que la situation actuelle au Soudan du Sud soit propice à un retour en toute sécurité des réfugiés », précise le porte-parole de l’Agence onusienne qui appelle « toutes les parties à continuer de respecter et d’appliquer l’accord de paix». (Fin)