Vue du camp de réfugiés de Mahama
L’année 2024 commence mal chez un nombre important de volontaires de Save The Children au camp de réfugiés de Mahama situé à l’Est du Rwanda. Tous ont remis leur matériel au 31 décembre dernier pour postuler de nouveau à partir du 1er janvier 2024. Les contrats de tous les volontaires et dans tous les domaines de l’ONG humanitaire Save The Children ont en effet été suspendus.
L’ONG explique qu’elle veut se réorganiser, privilégier le personnel payé et réduire le nombre de volontaires. Pourtant, ces derniers soupçonnent une autre raison cachée.
D’après le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, Save The Children parle de restructuration de ses services, ce que les volontaires fustigent.
Anguille sous roche…
Fin novembre dernier, les volontaires ont tenu une réunion avec des représentants de Save The Children au Rwanda, l’objectif étant de vouloir améliorer leurs conditions de travail. Une réunion qui a tourné en torrent de lamentations.
« Nous avons montré noir sur blanc dans des termes clairs que nous subissons une sorte d’exploitation de l’homme par l’homme, dénonçant une somme presqu’insignifiante que nous recevons en guise de retour », indiquent des volontaires.
« On reçoit une somme de 800 francs rwandais par jour (0,63 USD) et donc autour de 20.000 par mois (15 USD). Ce qui est de loin inférieur aux efforts que nous fournissons jour et nuit. Au moment où un seul membre du personnel peut recevoir plus de 800.000 francs rwandais (plus de 630 USD), donc il peut payer à lui seul plus de 30 volontaires, alors qu’un seul volontaire peut accomplir des tâches d’au moins trois salariés », ont-ils détaillé dans cette réunion de travail.
De telles déclarations dures et avec des chiffres comparatifs ont choqué l’équipe dirigeante de Save The Children au niveau du pays, et « craignent d’être trainés devant des juridictions ou de voir leur image salie », apprend-t-on.
C’est à ce moment que de nouvelles mesures ont été prises. Les volontaires affirment qu’ils espéraient gagner du travail ou voir la somme majorée.
Deux semaines après, le directeur-district de Save The Children à Kirehe (Est) a annoncé que le contrat qui lie cette ONG humanitaire aux volontaires prend fin avec le mois de décembre 2023.
« Son communiqué promet que certains parmi nous seront embauchés, mais souligne aussi que nous ne devrions pas être surpris de voir que des gens expérimentés ne soient pas retenus. Donc, c’est ambigu ! » disent-ils.
Les volontaires au camp de Mahama sont près de deux cents. Ils se concentrent surtout dans le domaine de la santé publique et communautaire, santé mère-enfant, encadrement des jeunes, jeux, l’enseignement, …
Aujourd’hui, des inquiétudes montent aussi chez les réfugiés qui ont besoin des services fournis par ces volontaires. Ils exigent qu’une mesure urgente et adéquate soit prise surtout que les jeunes sont en vacances, alors que ces volontaires aidaient dans la lutte contre la délinquance juvénile.
Autre besoin urgent, des personnes âgées, celles qui souffrent de maladies chroniques ou encore celles qui sont sous traitement surveillé.
Save The Children a tranquillisé que pendant ce temps de restructuration, son staff sera mobilisé pour s’occuper de ces tâches, ce qui ne rassure pas les bénéficiaires.
« Comment est-ce qu’un personnel d’une dizaine d’agents peut suffire pour combler le vide laissé par des centaines de volontaires ? », se demande un leader local qui appelle à l’urgence.
Au camp de Mahama se concentrent plus de 63000 réfugiés dont plus de 40 000 Burundais, le reste étant des Congolais. (Fin)