Trente jours de détention provisoire pour le héros du film Hôtel Rwanda

Le tribunal de première instance de Kicukiro à Kigali a ordonné trente jours de détention provisoire de Paul Rusesabagina dont l’histoire pendant le génocide de 1994 a inspiré le film hollywoodien “Hôtel Rwanda”.

L’audience a commencé par des précautions de lutte contre la propagation de la Covid19. Une forte présente policière était visible lors de cette deuxième audience à Kigali où Paul Rusesabagina est arrivé entouré de ses avocats  David Rugaza  et Emeline Nyembo.

Lors de sa comparution initiale le 14 septembre, Paul Rusesabagina avait dit que sa santé fragile liée à la maladie dont il souffre plaide pour sa libération conditionnelle afin de bénéficier des soins de santé appropriés.  Ses avocats avaient dit que la libération provisoire de tout suspect est prévue par les lois du Rwanda sur la procédure pénale.

Mais le parquet avait requis son placement en détention provisoire dans un délai de trente jours pendant que les investigations se poursuivent. A la fin de la première audience, le tribunal avait promis de se prononcer aujourd’hui sur la demande de libération provisoire.

Dans son verdict, le tribunal a rejeté ce jeudi 17 septembre la demande de libération provisoire formulée par Paul Rusesabagina à cause de la gravité des faits qui lui sont reprochés et a ordonné sa détention pendant une période de 30 jours malgré ses problèmes de santé.

Le tribunal a dit que son maintien en détention ne peut pas et ne doit pas violer son droit de se faire soigner toutes les fois que la nécessité se fait sentir. L’accusé s’est senti lésé par la décision du tribunal et a décidé d’interjeter appel.

Le héros du film “Hôtel Rwanda”  a été inculpé de 13 chefs d’accusation, dont le terrorisme, formation et financement des mouvements rebelles, l’incendie criminel, l’enlèvement et le meurtre perpétrés contre des civils rwandais non armés et innocents sur le territoire rwandais.  

Paul Rusesabagina,-devenu opposant farouche au régime du président rwandais Paul Kagame-, dispose d’une notoriété mondiale depuis qu’un long-métrage hollywoodien – Hôtel Rwanda – a mis en lumière son action lors du génocide de 1994 au Rwanda.

Paul Rusesabagina a sauvé la vie de plus de 1200 personnes qui s’étaient réfugiés à l’Hôtel des Milles Collines à Kigali dont il était le gérant intérimaire durant les cent jours du génocide en usant de son influence auprès des miliciens génocidaires. Mais le gouvernement rwandais conteste l’histoire de Paul Rusesabagina telle que présentée dans le film “Hôtel Rwanda” et l’accuse d’imposture.

Le 31 août, Paul Rusesabagina avait été présenté par la police menotté à Kigali  alors qu’il vivait en exil aux États-Unis et en Belgique depuis 1996. Les autorités rwandaises affirment qu’il est retourné de son propre chef au Rwanda et il a été cueilli à l’aéroport international de Kigali.

Ses soutiens pensent  qu’il a été enlevé au cours d’un voyage à Dubaï, estimant qu’il ne serait jamais retourné de lui-même au Rwanda où il se savait activement recherché. Ils sont par ailleurs convaincus que les charges retenues contre lui sont purement politiques.

Human Rights Watch (HRW) a estimé dans un communiqué que Rusesabagina avait été victime d’une “disparition forcée” dont les autorités rwandaises devraient répondre de manière exhaustive. Le président rwandais, Paul Kagame, a démenti qu’il ait été enlevé, mais laissé entendre qu’il pourrait avoir été trompé sur sa destination finale. (Fin)