Les trois artistes rwandais, respectivement : Israël Mbonyi, Bruce Itahiwacu et Jean Bosco Mustafa Uwihoreye dit Ndimbati.
Les concerts avaient été organisés dans le cadre d’une foire initialement prévue du 6 au 15 août à Bujumbura. Le ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique n’entend pas autoriser les artistes rwandais de se produire au Burundi.
Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, les trois artistes rwandais grincent les dents au moment où certains observateurs parlent d’une décision politiquement motivée.
Les 13, 14 et 15 août courant, Bujumbura (capitale économique du Burundi) allait vibrer sous les concerts de grands artistes de la communauté Est-africaine dont des Rwandais et des Burundais.
Toutefois, le ministère burundais en charge de la sécurité a interdit certains de ces chanteurs de se produire. Les premiers visés sont trois Rwandais: Israël Mbonyi, Bruce Mélodie Itahiwacu et Jean Bosco Mustafa Uwihoreye. Ce dernier est un comédien de renom connu sous le nom de “Ndimbati” qui joue dans l’une des plus aimées séries dans la sous région et très suivie par la diaspora burundaise et rwandaise baptisée “Papa Sava”.
“L’artiste Israël Mbonyi qui projette se produire au Burundi ne le fera pas. Il n’a pas encore l’autorisation des autorités burundaises compétentes”, a déclaré le ministère sur son compte Twitter.
L’affiche du concert d’Israël Mbonyi qui était prévu à Bujumbura en août prochain
Et d’insister : “les artistes en provenance du Rwanda qui prétendaient se produire prochainement au Burundi ne le feront pas”, montrant les affiches de Bruce Mélodie et de “Ndimbati” sur Twitter.
Et le ministre burundais en charge de la sécurité Gervais Ndirakobuca est on ne peut plus clair là-dessus. « (…) on n’acceptera jamais qu’il y ait quelqu’un qui vienne du Rwanda pour se produire, chanter et se défouler ici alors que chez eux ils sont enfermés. Ils peuvent nous causer des problèmes irréparables », a-t-il souligné la semaine dernière en demandant aux services chargés de la surveillance des frontières d’être très vigilants car, affirme-t-il, « ce sont ces gens qui entrent clandestinement qui nous emmènent le Coronavirus ».
Jean Pierre Nimbona alias Kidumu, basé à Nairobi dans la capitale du Kenya et très aimé par le public de l’Afrique de l’est qui devrait se produire aux côtés des trois Rwandais s’est aussi vu refuser l’autorisation.
Officiellement, c’est pour des raisons de prévention contre le Covid-19 comme l’a annoncé le ministre Gervais Ndirakobuca dans une réunion avec les gouverneurs de provinces. Mais pour les concernés, il y a une autre raison.
Israël Mbonyi n’a pas encore réagi. Il s’était pourtant réjoui à la signature du contrat. “Après plus de 100 invitations qui ont échoué au cours des quatre dernières années, j’arrive enfin et j’ai hâte. Ce sera chaud les 13, 14 et 15 août”, s’était-il réjoui.
Pour Kidumu, c’est une mesure injuste. “Ils nous l’empêchent alors qu’il y a d’autres concerts et grands rassemblements religieux qui se font. C’est dommage d’empêcher un Burundais comme moi de me produire dans mon pays. Nous étions prêts pour agrémenter les soirées”, nous a-t-il dit depuis Nairobi au Kenya où il vit depuis plusieurs années.
Le ministre burundais en charge de la sécurité Gervais Ndirakobuca : “on n’acceptera jamais qu’il y ait quelqu’un qui vienne du Rwanda pour se produire”
Une main invisible
Les concerts que ces grands artistes devraient animer étaient organisés par Akeza Creations, une société spécialisée dans l’événementiel. Ils étaient prévus pour agrémenter la foire-expo qui devrait se tenir du 6 au 15 août 2021.
Valentin Kavakure, responsable d’Akeza Creations, qui a signé les contrats avec des artistes dont Israël Mbonyi n’a pas souhaité donner beaucoup de détails mais s’est exprimé. “Je n’ai pas encore été signifié officiellement de la décision du ministère de l’Intérieur et de la sécurité”, a-t-il tout simplement dit précisant qu’il avait eu toutes les permissions requises pour l’exposition sur la promotion des produits numériques et l’art digital.
Une source bien informée révèle que les raisons avancées ne sont pas fondées. Elle explique qu’une femme d’un haut dignitaire a déjà pris les dates et lieux de la foire pour son expo à elle. “Je le sais bien, la place de l’indépendance a été cédée à l’épouse du président du sénat. Elle prépare une expo qui doit se tenir aussi en mi-août du 12 au 15. Elle a déjà loué des tentes et des haut-parleurs qui doivent être installés à la place de l’ indépendance durant les dates déjà prises par Akeza Creations et vous comprendrez bien qui favoriser entre les deux”, confie-t-elle.
Jeu diplomatique miné
Le responsable d’Akeza Creations rassure qu’en invitant les artistes rwandais, il prônait aussi la relance ou le renforcement de l’amitié diplomatique entre Kigali et Gitega.
Un journaliste burundais qui fait la promotion de la musique s’interroge sur l’interprétation de l’annulation des concerts des Rwandais au Burundi. “C’est une décision politique, mal interprétée diplomatiquement. Plutôt, toute action de nature à faire rencontrer Burundais et Rwandais surtout au Burundi devrait être privilégiée au plus haut niveau, du moment que les relations diplomatiques commencent à s’améliorer”, trouve-t-il.
Dans un communiqué sorti ce lundi, la société Akeza Creations annonce avoir annulé l’événement rappelant que l’annulation s’inscrit dans le cadre de la mesure du ministère en charge de la sécurité qui interdit « tout événement qui rassemble beaucoup de monde tels que les concerts et karaokés pour mieux prévenir et lutter contre la pandémie du Covid-19 ».(Fin)