Par André Gakwaya;
Huye: Antoine Blanchard, enseignant belge, fait partie d’un groupe de huit autres collègues en visite au Rwanda pour se rendre compte des efforts faits pour reconstruire et réconcilier le Rwanda, mobiliser les jeunes à bâtir un futur durable et viable pour tous, débarrassé des violences, des divisions et de la haine. Il promet qu’il fera participer son Ecole et sa communauté à la 25ème Commémoration du Génocide des Tutsi. Lire l’interview qu’il a accordée au Journaliste André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI) :
ARI: Que faites-vous en Belgique?
Antoine Blanchard (A.B.) – Je suis prof d’histoire et des sciences sociales à Bruxelles. Je donne cours dans les classes des 5èmes et 6èmes surtout du secondaire. Je participe à ce voyage organisé par RCN J& D et financé par la communauté française parce que je suis très proche par l’histoire et mémoire et le cas du Génocide des Tutsi au Rwanda est un cas qui s’aligne très bien dans ces questions-là.
ARI- Que retenir de votre mission et de votre entretien avec les élèves de Huye?
A.B. – Je retiens plusieurs choses :
1. Il y a de l’attention et la bonne volonté à participer à des échanges et c’est marquant. En comparant avec mes élèves, on dirait qu’il y a une capacité des élèves à se mobiliser, à se mettre debout, délivrer leurs opinions, à délivrer leur opinion notamment dans une langue qu’ils maîtrisent moins que leur langue maternelle.
2. Je suis stupéfait que je trouve un discours purement homogène. Il y a eu très peu de contrastes entre ce qui a été dit dan les différentes écoles. Il doit y avoir un travail de fonds mené par le Ministère de l’Education dans le sens d’un message uniforme et homogène.
ARI- Est-ce que ce que vous avez trouvé ici va vous aider dans votre profession, notamment dans la lutte contre la négation du Génocide des Tutsi du Rwanda ?
A. B. – Il y a un rôle à jouer là-dessus. C’est des questions qui intéressent peu dans la société européenne. La mémoire nécessite une transmission liée au vécu. Comme nous avons vécu une expérience, nous pouvons faire le pont entre l’histoire et la mémoire et nourrir notre expérience historique en intégrant le Génocide des Tutsi du Rwandais dans une histoire plus large, l’histoire de la colonisation, des rapports entre l’Europe et l’Afrique, des conflits internes à l’Europe. Il s’agira d’injecter de la mémoire là dedans et c’est du coup très intéressant. On pourra se mobiliser en faveur de la version officielle quand le moment sera venu pour préciser qu’il s’agit du Génocide perpétré contre les Tutsi et argumenter contre les personnes qui voudraient nier cela.
ARI – Votre voyage a été donc utile.
A.B. – C’est le début de l’apprentissage. Voyager, c’est rencontrer des gens qui ont vécu ça ; c’est un bagage qui sera confortable pour aborder ces questions-là.
ARI – Cette année, c’est la 25ème Commémoration du Génocide contre les Tutsi. Ferez-vous une intervention dans certains milieux en guise de témoignage ?
A.B. – Je compte proposer dans mon établissement avec mes collègues et mes élèves une matinée ou deux classes, deux heures d’informations ou deux heures d’échanges. Je suis entrain de réfléchir sur un programme de ce type là qui sera intra-école grâce au matériel pédagogique réalisé par RCN J&D, en l’enrichissant de mon expérience ici au Rwanda. Ce sera cette année une priorité, un échange avec les élèves, peut-être passer un documentaire. Et puis imaginer faire participer le niveau communal qui est intéressé toujours à participer aux événements de type historique, culturel et social pour montrer que nous avons une implication directe en tant que belges parce que l’histoire du Génocide est à comprendre au sein même de la colonisation dans son ensemble. (Fin)