La promesse d’accompagnement du désarmement des FDLR par Emmanuel Macron à Félix Tshisekedi est-elle une simple stratégie de communication? Selon le témoignage d’un ancien combattant FDLR, la force génocidaire, sponsorisée par l’État congolais, contrôlerait tout Goma depuis son aéroport international.
Lors de la conférence de presse du 30 avril dernier avec son homologue Félix Tshisekedi, Président de la RD Congo en visite officielle à Paris, le Président français Emmanuel Macron a insisté sur la priorité à désarmer et à encadrer les FDLR qui se trouvent sur le sol congolais, et au Rwanda de retirer ses troupes. Il a affirmé s’adressant à Tshisekedi : “je vous remercie pour les engagements très clairs que vous avez pris pour à la fois agir de manière très concrète et assumer politiquement la lutte contre les FDLR, et nous, engager la communauté internationale et les forces onusiennes pour accompagner le processus de DDR de cette force”.
Parallèlement à cette conférence de presse de ces deux présidents, le témoignage d’un ancien FDLR du Commando de Recherche et Action en Profondeur (CRAP) circule sur les réseaux sociaux. Tuyizere Mosi faisait partie de l’unité du feu Colonel Ruvugayimikore Protogène alias Ruhinda qui contrôlait le Parc National des Virunga et les environs de la ville de Goma.
Dans son témoignage, il affirme que le chef des FDLR FOCA Ntawunguka Pacifique alias Omega a demandé et obtenu depuis avril 2023, le contrôle de la ville de Goma, et ayant son quartier général dans l’aéroport international de Goma. Il affirme aussi que les FDLR se battent au front côte à côte avec l’armée congolaise FARDC épaulée par une coalition de groupes armés désormais légitimés et baptisés Wazalendo, les mercenaires venus de l’Europe de l’est et les forces armées burundaises. Ce serait, selon lui, grâce à leur « bravoure au combat » que les FDLR ont obtenu le mandat de « protéger la ville de Goma » de plus d’un million d’habitants. Serait-ce la raison pour laquelle le Président Félix Tshisekedi avait dit au journaliste de la RFI, Christophe Boisbouvier lors d’une interview l’an dernier, que la ville de Goma ne tombera pas aux rebelles du M23 ?
Le témoignage de Tuyizere Mosi devient plus troublant quand il affirme que le chef des FDLR FOCA Ntawunguka Pacifique alias Omega a juré qu’il rentrera dans son Rwanda natal après qu’il ait nettoyé la RD Congo du dernier Tutsi congolais. C’est cette idéologie génocidaire que les FDLR ont implantée et entretenue pendant ces 30 dernières années en RD Congo, et qui est à la base de massacres systématiques des Tutsi, le pillage et la destruction de leurs biens. Les discours de haine et la rwandophobie qui ont alimenté la campagne électorale de décembre 2023, puisent ses virulences dans cette idéologie génocidaire bien appropriée par les différentes milices armées qui écument l’est de la RD Congo et bon nombre de l’élite politique.
Aussi longtemps que cette idéologie génocidaire gagne du terrain en RD Congo, il serait naïf de parler des FDLR comme une force résiduelle qui ne serait que « l’ombre d’elle-même », tel que l’a affirmé Dr. Christoph N. Vogel, chercheur à Ghent University et fondateur d’Ebuteli du Groupe d’Étude sur le Congo (Congo Research Group), dirigé par Dr. Jason Stearns.
L’idéologie génocidaire des FDLR est bien au contraire la branche principale sur laquelle l’armée congolaise s’appuie dans sa lutte contre la rébellion du M23. Parler de la priorité à désarmer et à encadrer les FDLR en RD Congo est semble-t-il une simple stratégie de communication et non une réalité. En effet, on ne peut scier la branche sur laquelle on est assis sans courir le risque de se casser la figure. [https://conspiracytrackergl.com/). (Fin)