Guillaume Ancel
Kigali: Un ancien officier français, Guillaume Ancel, qui avait servi au Rwanda en 1994 a exprimé sa surprise sur Twitter en évoquant l’hommage de son Ministre de la culture, Franck Riester, au journaliste décédé Pierre Péan qu’il qualifie de “négationniste” du génocide des Tutsi du Rwanda.
“Pierre Péan nous quitte et nous laisse le souvenir du journaliste, de l’enquêteur et de l’écrivain passionné qu’il était. Lui dont le travail ne laissait jamais indifférent aura marqué le journalisme français de son empreinte. Je pense à sa famille”, a dit le Ministre français de la culture à propos du journaliste d’investigation français Pierre Péan mort jeudi soir après une longue maladie.
“Je suis profondément choqué que vous rendiez hommage à Pierre Adolphe Péan, un des pires négationnistes du génocide des Tutsi au Rwanda”, a réagi Guillaume Ancel sur le réseau social tweeter.
“Pierre Adolphe Péan s’est ‘battu’ pour faire croire que les Tutsi auraient provoqué leur propre génocide et que bien sûr il fallait relativiser celui-ci grâce à sa théorie du double génocide… des idées reprises encore aujourd’hui par Hubert Védrine”, a rappelé Guillaume Ancel.
Et de poursuivre : “Si comme moi, vous êtes choqué(es) que le ministère de la culture rende hommage à Pierre Adolphe Péan, un des pires négationnistes du génocide des Tutsi au Rwanda, dîtes-le.”
Pour Guillaume Ancel, la mort de Pierre Péan qu’il qualifie de “blanc-menteur” est une “lourde perte pour les négationnistes”. “Hubert Védrine, professeur Reyntjens et Bloody River vont le pleurer. Pas ceux qui regrettent que la France ait soutenu les génocidaires des Tutsi au Rwanda”, dit-il.
Guillaume Ancel était Capitaine lors de l’opération “Turquoise” déclenchée par la France au Rwanda après le génocide des Tutsi qui débuta le 7 avril 1994. Dans son dernier livre, “Rwanda, la fin du silence” (Ed. Belles Lettres), il considère que “la France peut être accusée de complicité de génocide”.
Mais dans son livre “Noires fureurs, blancs menteurs” paru en 2005, Pierre Péan dédouane la France et le gouvernement génocidaire rwandais dont elle a formé l’armée qui fut le fer de lance de ce crime odieux contre l’humanité.
Pierre Péan désigne au contraire les rebelles tutsis du Front Patriotique Rwandais (FPR) comme principaux responsables du génocide de membres de leur ethnie. Il accuse le Président rwandais Paul Kagame qui commandait alors la branche armée du FPR d’avoir sacrifié les Tutsi de l’intérieur pour accéder au pouvoir.
Ce journaliste français avait été accusé de négationnisme, de révisionnisme, de divisionnisme et d’incitation à la haine raciale après la sortie de son livre sur le génocide de 1994 au Rwanda. Les rescapés du génocide avaient même déposé une plainte contre Péan en 2006, par l’entremise de l’ONG SOS Racisme qui lutte contre le racisme, à cause de certains de ses propos sur les Tutsi. Mais Péan avait été relaxé en 2009 par la cour d’appel de Paris. [Lire notre précédent article].
Dans une tribune publiée ce vendredi dans le quotidienLe Soir de Bruxelles, la journaliste belge Colette Braeckman qui connaît Pierre Péan depuis les années 80 dit qu’il a écrit un livre qui devint “la Bible de tous les révisionnistes et contribua à alourdir le chagrin des victimes.” (Fin)