Un incident mortel causé par un gaz combustible a emporté la vie de deux jeunes garçons de moins trois ans et de leur mère au camp de réfugiés de Mahama. Ils ont été enterrés côte à côte le week-end dernier. Tout le camp est consterné.
Selon le collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, c’est en tout cas l’incendie le plus meurtrier depuis que le camp de Mahama est installé à l’Est du Rwanda.
D’abord c’est un nourrisson, prénommé Fabrice, qui décède sur le champ, le dimanche 4 février dans la soirée quand un gaz de cuisine prend feu, brûlant tout ce qui se trouvait dans la maison d’une famille de réfugiés burundais.
Le bilan de l’accident s’est ensuite alourdi, une journée après. Clovis, l’aîné, de moins de trois ans, a par la suite succombé à ses graves blessures.
La deuxième victime et sa mère avaient été évacuées à l’hôpital central Roi Fayçal dans la capitale Kigali, pour des soins intensifs après avoir transité par l’hôpital militaire de Kanombe et celui de référence de Kirehe, un district qui abrite ledit camp.
Le calvaire ne s’est pas arrêté là car mercredi, la mère a rejoint ses deux fils.
« Mais, les services médicaux ont préféré ne pas annoncer cette mauvaise nouvelle le même jour pour ne pas choquer et scandaliser le père de famille », apprend-on de sources médicales.
C’est Jeudi que la famille est informée de la triste nouvelle, de la mort de Mukamusoni Joselyne, mère des deux enfants décédés avant elle.
La famille éprouvée vit au village 17, communauté 3, à la troisième porte (V17-C03-P3/a).
Retour sur le cauchemar….
L’incident a surpris une maman plongée à peine inconsciemment dans un sommeil pas profond alors qu’elle cuisinait dans sa chambre, d’après les témoignages des voisins qui ont appelé au secours. Et de regretter qu’ils ont découvert une scène macabre. Les réfugiés du village 17 qui ont assisté à la scène sont traumatisés.
« Nous sommes dépassés et ne parvenons pas à nous défaire des images qu’on a vues. Ces gaz vont emporter nos vies car les bouteilles sont vieilles surtout leurs couvercles. Nous demandons urgemment au HCR de pouvoir les renouveler. Et puis comme plusieurs adultes ici vont dans des travaux journaliers à l’extérieur du camp et que ce sont les enfants qui font la cuisine, nous sommes vraiment inquiets », font savoir des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
Un réfugié craint qu’il puisse y avoir des incidents similaires « si des mesures sérieuses ne sont pas prises ».
Ils exigent aussi qu’il y ait plus d’extincteurs. «Au moins un par communauté de cinq maisons, d’autres placés dans les coins de chaque rue et des secouristes entraînés dans chaque village pour éviter le pire », souhaitent des réfugiés.
Inhumation douloureuse…
Le troisième corps a été enterré dignement samedi au cimetière du camp situé à quelque trois Km du camp de Mahama.
« Plus de trois cents réfugiés étaient venus l’accompagner à sa dernière demeure, elle repose à côté de ses deux fils. Une indignation totale se lisait sur leur visage car ils ne pouvaient même pas finir des chants funèbres, interrompus par des pleurs », indiquent des réfugiés qui y ont participé.
« Six personnes se sont d’ailleurs évanouies…. C’était la pire des cérémonies d’enterrement que j’ai jamais connu, la plus douloureuse inhumation », ajoutent-ils.
Membre de l’église Pentecôte, originaire de la province Kirundo au nord du Burundi, Mukamusoni Joselyne s’était mariée en 2020. Elle n’avait que 27 ans.
Le chef de famille n’en revient pas. « Le ciel m’est tombé sur la tête. Inhumer mes deux enfants et mon épouse en terre d’exil…..! », a-t-il dit, désespéré. Il demande de l’aide d’autant plus que tout ce qui se trouvait dans la maison a été englouti par le feu.
Depuis l’incident, l’administration et des humanitaires du camp ont été mobilisés pour rappeler aux occupants de Mahama les règles et risques d’usage des gaz de cuisine qui sont les seuls combustibles utilisés dans ce camp.
En 2023, un tel incident s’était produit dans ce camp mais n’a pas fait de morts sauf des blessés graves.
Le camp de Mahama abrite plus de 63.000 réfugiés dont plus de 40.000 Burundais, le reste étant des Congolais. (Fin)