Kigali: Alors que la pandémie de coronavirus continue de paralyser les économies du monde entier et de faire connaître à l’Afrique sa première récession en 25 ans, la Commission économique pour l’Afrique et ses partenaires se sont associés pour produire un nouveau rapport qui propose plusieurs interventions pour répondre rapidement et efficacement aux défis de COVID-19 sur le continent au niveau urbain.
Le rapport intitulé, « Le COVID-19 dans les villes africaines : Effets, réponses et politiques », analyse la situation actuelle sur le continent africain et les efforts fournis pour atténuer la pandémie mondiale dans le contexte des villes africaines.
Produit par la CEA, ONU Habitat, le Fonds d’équipement des Nations Unies pour le développement (FENU), Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLU), la Banque africaine de développement (BAD) et Shelter Afrique, le rapport, virtuellement lancé ce mardi, propose des réponses pour des interventions à court, moyen et long terme dirigées par les gouvernements nationaux et locaux avec le soutien des institutions internationales et régionales de développement.
Pour relever d’une manière adéquate les défis de COVID-19, cinq recommandations clés ont été identifiées dans le rapport.
•Appliquer des stratégies locales de communication et d’engagement communautaire ;
•Soutenir les PME et l’économie informelle ;
•Approfondir des réponses décentralisées face au COVID-19 grâce au renforcement des capacités des collectivités locales ;
•Cibler les établissements informels par des mesures adaptées ;
•Mettre en place des mécanismes pour favoriser un accès rapide au logement et prévenir les expulsions forcées ;
•Intégrer la planification et la gestion urbaines en tant que priorités clés pour les stratégies de relance et de reconstruction vers la résilience à long terme.
Dans leurs remarques lors du lancement virtuel, les responsables des organisations partenaires conviennent que le COVID-19 a révélé la grande vulnérabilité des villes africaines aux effets des chocs, et leurs capacités limitées à atténuer et à se remettre des effets associés. Tout cela alors que les villes africaines continuent de croître rapidement dans des conditions de graves déficits d’infrastructures et de services, d’absence d’emplois productifs adéquats, de faibles capacités et institutions de planification et de gestion, entre autres.
L’informalité, la pauvreté et les inégalités persistent en tant que manifestation des contraintes structurelles sous-jacentes de l’urbanisation de l’Afrique. Dans ces conditions, et sans réponses politiques délibérées et investissements adéquats, les villes peuvent bien devenir des passifs pour une croissance et une transformation futures inclusives et résilientes, note le rapport.
Il note également que, compte tenu des effets économiques et fiscaux du COVID-19 sur les économies nationales et de la nécessité de garantir aux populations un accès à une alimentation adéquate, un logement, une eau potable et des installations sanitaires sûrs et à des informations fiables, il est manifeste qu’il y a un besoin d’accroître et de préciser le rôle des gouvernements locaux.
« Ces autorités sont importantes pour faire progresser l’engagement communautaire, soutenir la communication sur les risques et la sensibilisation et faciliter les mesures d’adaptation », lit-on dans le rapport.
Le COVID-19 a montré qu’il est important de réhabiliter la fonction de stabilisation et de redistribution des transferts financiers des gouvernements nationaux aux gouvernements locaux et régionaux.
Le renforcement des économies locales est l’une des réponses les plus efficaces pour réduire la sensibilité des économies nationales aux pandémies comme le COVID-19 et aux cycles de l’économie mondiale, indique le rapport.
« L’ampleur des effets économique et financier du COVID-19 en Afrique a été sévère à toutes les échelles, du national au local », déclare Mme Edlam Abera Yemeru, Chef de la Section de l’urbanisation et du développement, à la CEA dans ses remarques lors du lancement.
« Les effets économiques du COVID-19 sont particulièrement graves en raison des vulnérabilités sous-jacentes des économies africaines. La pandémie met en évidence des vulnérabilités sous-jacentes préexistantes dans l’économie des villes africaines qui rendent grave les effets urbains de la crise ».
Elle indique qu’à Addis-Abeba, en Éthiopie, par exemple, les conséquences du COVID-19 sur les hôtels sont graves, 88% des hôtels membres de l’association des hôtels d’Addis-Abeba étant partiellement ou complètement fermés en raison d’une faible occupation. Les pertes mensuelles sont estimées à 35 millions de dollars américains et 15 000 travailleurs pour l’instant ont été licenciés.
Mme Yemeru affirme que les effets économiques et financiers locaux du COVID-19 ont une incidence directe sur le développement économique en général et l’industrialisation en particulier.
« À l’avenir, la reprise économique et la reconstruction locales devront être au cœur des stratégies de relance économique et de reconstruction du continent et des pays, et des plans de relance connexes », dit-elle.
« Les discussions et les efforts continentaux et nationaux sur le COVID-19 reconnaissent la vulnérabilité des villes et des gouvernements locaux, ainsi que leurs répercussions aiguës, mais ne tiennent pas suffisamment compte du rôle des villes productives, riches en emplois et compétitives dans la relance économique, la reconstruction et la résilience à moyen et long terme ».
Les priorités doivent concerner la création de villes économiquement résilientes, conclut Mme Yemeru. (Fin)