La Commission économique pour l’Afrique a lancé ce lundi, le rapport «Construire l’avenir pour une relance verte en Afrique» qui met en lumière la stratégie audacieuse de relance du continent après la pandémie de COVID-19.
Le rapport vise à renforcer le courage du continent dans sa quête pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), celle des objectifs de changement climatique de l’Accord de Paris et la réalisation des objectifs de prospérité énoncés dans l’Agenda 2063 de l’Afrique.
Le rapport « Construire l’avenir pour une relance verte en Afrique » contribuera de manière significative à la réalisation et au renforcement du commerce durable au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) au cours de la prochaine décennie.
Le rapport montre que la région africaine fait face à sa première récession en 25 ans avec des pertes de production dues à la COVID-19 estimées à 99 milliards de dollars américains. Cette situation est aggravée par les effets climatiques sur la production économique qui devraient entraîner des pertes annuelles comprises entre 3 et 5% du PIB d’ici 2030 dans le cadre d’un scénario de statu quo. Dans certains cas, cela représentera jusqu’à -15% du PIB. Avec des données crédibles disponibles sur les effets du changement climatique, ledit rapport de la CEA plaide pour que l’Afrique fasse des évaluations informées et prenne des décisions éclairées. Il appelle à l’adoption de solutions fondées sur la nature aux niveaux national, régional et continental pour inspirer des politiques qui préservent les biens communs mondiaux.
La CEA a joué un rôle de premier plan dans le soutien aux transitions des pays africains vers des voies de développement durable reposant sur les piliers d’une économie verte ou bleue, qui approuvent les approches d’une agriculture intelligente face au climat, d’une pêche durable, d’un écotourisme et d’une adoption de sources d’énergies plus propres, notamment les sources d’énergie solaire, marémotrice, éolienne et géothermique.
« Pour que nous puissions bâtir plus solide, nous avons besoin de beaucoup d’énergie. La conversation en Afrique consiste à remplacer les mauvais combustibles fossiles coûteux par quelque chose de plus propre et moins cher », déclare la Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe. « Nous devons remplacer les énergies à base de carburant par des énergies vertes et durables ».
Ce rapport vise à galvaniser le soutien aux stratégies d’économie verte et bleue de l’Afrique et à mobiliser des ressources pour renforcer les mesures d’adaptation et d’atténuation du changement climatique du continent. Il résume les perspectives continentales sur la manière dont les partenariats de collaboration réunissant des partenaires de développement, des agences multilatérales, le secteur privé, des organisations internationales et Organisations non gouvernementales peuvent stimuler le programme de relance des moyens d’existence verts et bleus de l’Afrique.
Mme Songwe fait remarquer qu’avec les effets de la COVID-19 et ses contractions économiques associées, couplés aux conséquences débilitantes de la crise climatique, l’attention du continent à sa relance est encore plus essentielle. Selon elle, il est urgent de déployer des programmes d’aide financière, d’investir dans des infrastructures durables et de structurer les stimuli fiscaux pour amortir la transition attendue vers l’économie verte et bleue.
Le concept « d’économie circulaire » a été défini comme un concept réparateur, car il repose fortement sur les énergies renouvelables et élimine les déchets et les produits chimiques toxiques. Dans le même ordre d’idées, l’économie verte est décrite comme une économie qui améliore le bien-être, favorise l’équité sociale, réduit les risques écologiques et est capable de transformer l’économie mondiale vers un développement à faibles émissions de carbone.
Dans ses remarques, Albert Muchanga, Commissaire au commerce et à l’industrie, de l’Union africaine, se félicite du lancement de l’études de cas de l’Afrique du Sud. « Le lancement du rapport et des études de cas se déroule à un moment opportun, car l’UA travaillera avec la CEA et d’autres partenaires pour atteindre l’objectif d’une relance verte post-pandémique en Afrique », déclare M. Muchanga.
« L’Afrique possède un immense potentiel en énergies renouvelables pour stimuler sa croissance économique grâce à l’adoption de voies énergétiques plus propres qui stimulent l’adaptation et l’atténuation au changement climatique ».
Commentant la nécessité d’une action mondiale urgente visant à soutenir les initiatives de relance verte de l’Afrique, Sir Nicholas Kay, l’Ambassadeur régional britannique pour l’Afrique, de la Conférence sur le climat (COP26), déclare : « La volonté politique mondiale se renforce comme on l’a vu avec le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris, l’engagement de la Chine à zéro émission nette et l’ambition accrue du Royaume-Uni, parmi d’autres pays développés, de poursuivre une révolution industrielle verte. Tout cela incite l’Afrique à adopter des voies économiques plus vertes pour atteindre les Objectifs de développement durable ». « L’énergie verte est l’avenir », ajoute-t-il.
S’exprimant lors du lancement, Julia Bird, de l’Université d’Oxford, qui a collaboré avec la CEA à la production du rapport, déclare : « L’Afrique est dotée de certaines des zones à forte biodiversité et des plus riches du monde et de l’un des plus importants puits de carbone naturels, comme les tourbières du bassin du Congo qui peuvent retenir jusqu’à 30 milliards de tonnes de carbone ».
« Ce carbone séquestré équivaut à 3 ans d’émissions mondiales. Les compensations de carbone offrent à l’Afrique la possibilité d’exploiter la valeur de ses actifs naturels en prenant en compte les valeurs de séquestration du carbone. L’utilisation d’une énergie verte fiable soutiendra la transformation économique et une transition propre de l’Afrique ».
Mme Songwe souligne la nécessité d’un « changement de paradigme des modèles de production et de consommation gourmands en ressources et inefficaces qui encouragent la surexploitation, à des modèles centrés sur l’utilisation durable des ressources et apportant de la valeur tout au long du cycle de production et de consommation dans le cadre d’une économie verte et circulaire ». (Fin)