Hafez Ghanem, Vice-Président de la Banque Mondiale/ Région Afrique
Par André Gakwaya;
Kigali: Un tiers des enfants africains n’atteindront jamais la croissance mentale et physique à cause de la malnutrition aiguë, selon Hafez Ghanem (H.G.), Vice-Président de la Banque Mondiale/ Région Afrique, présent à la Conférence de Kigali sur le Dialogue des dirigeants sur la Sécurité alimentaire en Afrique (AFSDL). Lire son interview à ARI:
ARI- Qu’attendons-nous de cette Conférence ?
H.G. – L’objectif de cette conférence, c’est vraiment d’attirer l’attention. La nécessité d’investir davantage en Afrique pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des Africains. Nous constatons qu’il y a eu augmentation du nombre de gens qui souffrent de l’insécurité alimentaire en Afrique. C’est en grande partie dû aux changements climatiques, et l’Afrique aujourd’hui souffre davantage des problèmes de sécheresse, des cyclones, etc. Donc, l’objectif de cette conférence qui est organisée par nous, la Banque Mondiale, mais aussi la FAO, le FIDA, l’UA c’est d’attirer l’attention sur ces problématiques et mobiliser les ressources pour l’agriculture africaine.
ARI- Etes-vous confiant qu’il y aura plus d’investissements ?
H.G. – Je suis confiant qu’il y a cette volonté. Il y a une volonté du côté des Africains et il y a cette volonté aussi du côté de leurs partenaires d’investir davantage dans l’agriculture. Mais moi, je pense que l’argent seulement ne va pas résoudre le problème. On a aussi besoin de changement de politique économique, de politique agricole, de renforcement des instructions. Je voudrais insister aussi sur l’importance de l’autonomisation des femmes africaines. Je m’explique. Aujourd’hui on parle de l’insécurité alimentaire, mais il y a aussi un problème de malnutrition en Afrique. Et surtout la malnutrition des enfants. Nous avons un tiers des enfants africains qui souffrent de retard de croissance. Ces enfants ne vont jamais atteindre le niveau optimal de point de vue de développement mental ou physique. Souvent, ce n’est pas parce que la nourriture n’existe pas. C’est parce que les mamans ne savent pas comment nourrir leurs enfants. Aujourd’hui, la moitié des femmes africaines se marient avant l’âge de 16 ans. Elles ont les enfants avant l’âge de 16 ans. Elles ne finissement pas l’école, elles ne sont pas éduquées. Elles-mêmes sont encore des enfants, elles sont faibles. Elles ne savent pas nourrir les enfants, s’occuper des enfants, donc avec tous ces investissements dans l’agriculture, dans la recherche agricole, tout ça, c’est nécessaire, mais nous avons aussi besoin d’autres interventions surtout dans le domaine de l’autonomisation des femmes africaines. (Fin)