By Jérémy Docteur
Des chercheurs ont publié des travaux dans lesquels ils ont pu montrer les mutations d’ADN sur les victimes du génocide et leurs enfants.
Les conséquences du génocide rwandais sont extrêmement nombreuses. D’un point de vue scientifique aussi. C’est ce qui ressort d’une récente étude conduite par des scientifiques du programme génomique USF et du Center for Global Health and Infectious Disease Research, rapporte le site Medical Xpress. Leurs conclusions majeures font état d’une modification de l’ADN des victimes et de leur descendance.
La volonté des chercheurs est de pouvoir fournir des réponses aux victimes et à leurs proches. De nombreux troubles mentaux ont émané des atrocités au sein des populations rwandaises après le massacre de l’ethnie des tutsis en 1994. Un examen poussé des génomes des femmes enceintes présentes et exposées par les horreurs a été fait, avant que cet échantillon ne soit comparé avec d’autres femmes enceintes mais qui habitaient dans d’autres pays.
Bientôt une troisième génération à l’étude
Il en ressort que l’ADN des femmes exposées a été modifié, avec des mutations qui ont causé des troubles mentaux, comme la dépression ou des syndromes post-traumatiques. Ce ne sont pas des mutations génétiques, mais chimiques et épigénétiques. “L’épigénétique fait référence à des modifications chimiques stables, mais réversibles, apportées à l’ADN qui aident à contrôler la fonction d’un gène, développe un scientifique. Elles peuvent se produire dans un délai plus court que ce qui est nécessaire pour modifier la séquence d’ADN sous-jacente des gènes.”
Une analyse de sang a été conduite sur 59 personnes, dont la moitié a été directement exposée à des traumatismes, de la violence, une captivité, un viol, à être témoin d’un meurtre, d’une attaque, ou par la vision de cadavres. Beaucoup de Rwandais attendent des réponses sur les troubles qu’ils traversent encore à ce jour. Cette étude prouve également que ce qui se déroule pendant la grossesse, pour le fœtus, peut avoir un impact à long terme, avec des séquelles qui se développent plus tard dans la vie.
Désormais, les scientifiques devraient pouvoir se pencher sur la nouvelle génération à venir, la troisième, et observer de possibles conséquences. Cette étude s’inscrit dans un programme plus large de recherche, dans le but d’aider les scientifiques africains et leur permettre de conduire des analyses génétiques plus poussées. (Fin).
*Cet article a été publié pour la première fois par GEO, un magazine mensuel de voyage et de connaissance du monde dont l’édition française est publiée par Prisma Media.