Comme l’explique l’étude menée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) sur l’histoire du génocide contre les Tutsi dans l’ancienne préfecture de Cyangugu, depuis le 1er octobre 1990, après le lancement de la guerre de libération par l’APR, l’ordre d’établir des patrouilles de nuit et des barrages routiers à travers le pays a été lancé.
Pour mettre en œuvre l’ordre dans la préfecture de Cyangugu, les bourgmestres ont parcouru les secteurs du 10 octobre 1990 au 15 octobre 1990 pour mener des réunions avec la population pour soutenir la sécurité, et ont exhorté tous les citoyens à participer à des patrouilles nocturnes avec des armes qui peuvent leur aider à se défendre chaque fois qu’ils pourraient être attaqués par l’ennemi (lances, machette, gourdins …)
Après la mise en place de patrouilles de nuit et de barrages routiers, des patrouilles de nuit étaient menées jusqu’au matin. Les barrages routiers étaient opérationnels pendant la journée où quiconque passait était prié de fournir ses documents d’identité; ceux qui ne fournissaient pas les documents étaient emmenés aux autorités communales.
Comme le montre le procès-verbal du conseil de sécurité de la commune de Nyakabuye, qui a eu lieu le 23 novembre 1990, au moins 10 personnes devraient se trouver sur chaque barrage routier. Le devoir des conseillers de secteur était de superviser les opérations de patrouilles de nuit et de barrages routiers et donner de rapport au bourgmestre de la commune.
Le renforcement des patrouilles de nuit dans la préfecture de Cyangugu a été réitéré par le préfet de la préfecture comme indiqué dans la lettre n ° 2238 / 04.09.01 / 4 du 27 novembre 1990 que le préfet Kagimbangabo André a écrit à tous les bourgmestres pour leur donner des instructions sur la gestion des barrages routiers et patrouilles de nuit.
Dans cette lettre, le préfet a demandé aux bourgmestres de redoubler d’efforts dans la supervision des barrages routiers et des patrouilles de nuit. Il a expliqué qu’aucun barrage routier ne devrait être fréquenté par une ou deux personnes seulement. Il devrait y avoir de nombreuses personnes participant à un barrage routier, et les gens devraient chercher des moyens de faire des changements.
Il a également souligné que ceux qui assistaient à un barrage routier ne devraient pas être les mains vides, et a plutôt demandé aux autorités communales de réfléchir à des mesures afin que ceux qui se trouvent sur des barrages routiers ou des patrouilles de nuit puissent être équipés d’armes pour se défendre au cas où ils pourraient être attaqués.
Les patrouilles nocturnes et les barrages routiers ont été caractérisés par des persécutions constantes des Tutsi, comme l’explique Aaron Nzajyibwami, un enquêteur qui était substitut du procureur a Nyakabuye, qui, dans son rapport, a déclaré que certaines personnes avaient pris la participation à des patrouilles nocturnes ou à une surveillance de sécurité aux barrages routiers comme si cela leur avait accordé le droit de commettre des actes de violence contre les Tutsi.
Même s’il a rapporté cela, rien n’a été fait pour arrêter la violence contre les Tutsi, mais beaucoup d’entre eux ont continué à être victimes d’actes de violence sur des allégations d’espionnage pour le FPR-Inkotanyi. (Fin)