Cette décision ne devrait pas faire plaisir aux juges qui avaient décidé sa détention provisoire. Elle choque les parties civiles et les victimes qu’elles représentent. D’autant que l’instruction dans cette affaire n’est certainement pas terminée.
Depuis des années, nous n’avons cessé de dénoncer les lenteurs, voire l’inaction de la justice française. Nous avons toutefois reconnu que depuis janvier 2012 des progrès notoires avaient été réalisés grâce à la création du « pôle crimes contre l’humanité » au TGI de Paris.
De nombreuses commissions rogatoires internationales ont été organisées ces derniers mois. Le procès en assises de messieurs NGENZI et BARAHIRA, en détention provisoire, devrait se dérouler… au printemps prochain. La Cour d’assises de Paris serait encombrée, d’où de tels délais que nous avons du mal à accepter.
Déjà plus d’un an que Pascal SIMBIKANGWA a été condamné pour génocide : son procès en appel n’aura pas lieu avant 2016. A ce rythme-là, près de trente plaintes ayant été déposées, combien faudra-t-il de temps pour que toutes ces affaires soient jugées. Nous devrons nous faire à l’idée, également, que l’une ou l’autre plainte fera peut-être l’objet d’un non-lieu, faute de preuves indiscutables…
Monsieur Charles TWAGIRA, de son côté, reste en détention, mis en examen pour génocide depuis mars dernier. L’instruction de l’affaire MUNYESHYAKA devrait être incessamment clôturée, si ce n’est déjà fait.
Le CPCR regrette vivement la décision de remettre monsieur MUHAYIMANA en liberté. Ce pourrait être interprété, à quelques jours de la 21ème commémoration du génocide des Tutsi, comme un signal d’apaisement par tous ceux qui sont poursuivis par la justice française et… par leurs nombreux soutiens.
Cette remise en liberté ne va pas dans le bon sens pour une justice sereine et efficace. Nous ne pouvons que la dénoncer car elle manifeste une attitude de mépris à l’égard des victimes.
Toutefois, cela n’entravera en rien notre détermination dans le combat que nous avons entrepris de mener, au côté des autres associations parties civiles et au côté des rescapés. Mais aussi avec le soutien de tous ceux qui ne supportent pas l’idée de voir la France accueillir si complaisamment des personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide des Tutsi sans les juger. (Fin)