Première commémoration du génocide des Tutsi du Rwanda en Guinée

D’après le site d’information guineennews.org, marche, prières,  projection de film, témoignages et discours ont ponctué cette commémoration qui a été très sobre.

Dr. Claude Emile Rwagacondo, Coordonnateur des Réseaux Roll Back Malaria pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale a vécu le génocide des Tutsi du Rwanda qui a fait plus d’un million de morts entre avril et mai 1994.  Alors qu’il était de passage en Guinée, ses compatriotes ont bien voulu le faire intervenir dans la commémoration.

Et sans se faire prier, il a témoigné en présence de plus d’une trentaine de Rwandais et de nombreux   ” amis ”  guinéens.  « Je partage mon expérience à chaque fois que l’occasion se présente afin que ce qui est arrivé dans mon pays, n’arrive nulle part ailleurs », a indiqué Claude Emile Rwagacondo.

L’expérience de  Rwagacondo est très ” amère “.  Il dit avoir passé les 100 jours du génocide dans une toilette de la ville de Butare (sud du Rwanda), l’une des plus touchées par la tragédie. Rwagacondo, alors jeune médecin de 28 ans, doit son salut à « ceux qui l’ont caché » dans la toilette et à la troupe de Paul Kagame, aujourd’hui Président du Rwanda.

À l’occasion de cette commémoration de la tragédie, Rwagacondo voudrait surtout qu’on se souvienne de ceux qui les ont cachés. « Pour ma personne, s’il y avait eu une semaine de plus (au-delà des 100 jours), je sortirais de ma cachette pour me livrer aux tueurs », a-t-il signalé.

En dépit de tout, le rescapé dit être sorti de la tragédie avec beaucoup de leçons, mais aussi avec de la force pour servir son pays. Et s’il travaille aujourd’hui dans l’humanitaire, le génocide des Tutsi a été l’une de ses sources de motivation.

La Coordinatrice du Système des Nations Unies en Guinée, Séraphine Wakana ne pouvait pas ne pas prendre part à la commémoration de ce génocide, reconnu par l’ONU. Dans son discours de circonstance, Wakana a souligné que l’histoire du Rwanda a enseigné une leçon essentielle. «Nous devrions tous être inspirés par le courage des Rwandais et considérer que la réconciliation est possible », a-t-elle aussi dit.

Olivier  Byicyaza, président de la communauté rwandaise en Guinée, a tenu à remercier les ” amis ” de la Guinée et d’autres pays qui ont bien voulu s’associer à la commémoration.  Dans son discours, il a surtout appelé les négationnistes « à ne plus jamais demeurer insensibles aux atrocités de masse et de l’impunité.»

En dépit des blessures, Byicyaza peut se réjouir du fait que les Rwandais ont pu bâtir un nouveau Rwanda sur les ruines du génocide. Un pays dont le leadership ” fort ” est aujourd’hui reconnu à travers le monde. « Nous partageons la perspective d’un Rwanda moderne où chacun a sa place et où il y a de l’opportunité pour tous », a expliqué Olivier  Byicyaza.

Pour les organisateurs de cette commémoration  ce n’est que partie remise.  Maintenant que la communauté rwandaise en Guinée est désormais en croissance — avec plus de Rwandais en Guinée, le pays a ouvert une ambassade à Conakry en mars dernier — l’évènement devrait être pérennisé. (Fin)