Kigali: La pandémie de Covid-19 qui a frappé le monde entier a eu des effets négatifs sur la nutrition des ménages au Rwanda, surtout les moins nantis, à tel point que l’on peut connaître même le retour à une malnutrition aiguë dans certaines familles.
C’est l’avis des gens interrogés prestant dans le secteur de l’agri-élevage et la nutrition.
«Les conséquences du Covid-19 ont été multiples chez les agri-éleveurs. Nous vivons certes des produits de l’agri-élevage. Mais nous ne produisons pas tout pour notre suffisance alimentaire. Nous sommes obligés d’acheter au marché ce que nous ne cultivons pas afin de maintenir une bonne nutrition », a indiqué l’agri-éleveur Nahimana Jacques du Secteur Rambura, district de Nyabihu.
Une Coopérative agricole à l’Est du Rwanda, dans le District de Kirehe.
Cet article est publié dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de partenariat Voice for Change (V4CP) avec le soutien financier du Ministère néerlandais des Affaires étrangères via le SNV-RWANDA et l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). Le Projet V4CP collabore avec l’Organisation rwandaise de protection des droits des consommateurs (ADECOR) dans le but de renforcer la disponibilité, l’accessibilité, l’accessibilité financière, l’acceptabilité et la consommation accrues des aliments enrichis.
Toujours dans cette perspective, l’agri-éleveur Nahimana déplore que durant la période de confinement, les échanges ont beaucoup souffert. La production de l’agri-élevage n’a pas pu être écoulée sur le marché. Les ménages ont survécu en consommant seulement ce qu’ils produisent sur leurs champs.
« Les enfants scolarisés ont quitté l’internat et vivent dans leurs familles. Les ménages autosuffisants leur préparent des aliments suffisants et de qualité. Mais les ménages non autosuffisants dan les villages ou les quartiers sont incapables d’atteindre la suffisance alimentaire. La famine est une réalité pour certains. Bref, l’insuffisance alimentaire est une réalité pour certaines familles. Les ménages qui se suffisent sont moins nombreux. Même l’emploi a subi des coups. Certains membres des familles ont perdu leur emploi suite au Covid-19 qui a eu un impact de réduction de la nutrition à 50 % au sein des agri-éleveurs », souligne Nahimana.
«Les gens qui peuvent donner du travail ne veulent pas le faire. Un sentiment de peur et d’inquiétude habite les esprits. Surtout que la production agricole n’a même pas de marché, et que les pluies diluviennes ont détruit des cultures et causé beaucoup de dégâts dans beaucoup de districts au niveau des habitations, de l’environnement, des cultures dans les marais. Les légumes ont été détruites. Les conditions de vie sont devenues mauvaises pour certains », poursuit l’agri-éleveur Nahimana.
L’on doit rappeler que les districts de Gakenke, Nyabihu, Musanze, Ngororero, Rutsiro et Rubavu, etc… ont subi ces derniers moins beaucoup de pertes en vies humaines et de dégâts importants au niveau des cultures et des infrastructures.
L’on doit souligner heureusement que l’Etat est intervenu pour apporter une assistance d’urgence aux zones sinistrées et reconstruire ce qui pouvait l’être.
Mais actuellement, les gens sont convaincus que sans l’aide du Gouvernement, la population ne sortira pas d’une sérieuse pauvreté due au Covid-19. Même le bétail n’a plus où brouter. Car, les herbes servant de pâturages ont été réduites suite aux inondations ou à l’érosion. La production du lait a diminué. La quantité disponible n’est pas écoulée faute de marché. Dans Gishwati et Rutsiro, renchérit un autre fermier, les pluies ont abîmé des routes. Les centres de collecte du lait (MCC) ne sont plus opérationnels sur certains sites. Le lait non vendu s’abîme et perd de sa qualité. Le lait et les œufs ne sont plus vendus aux hôtels en ville. Car, ceux-ci ont fermé faute de clients. Même si l’Etat est intervenu pour acheter ces produits à certains endroits, les prix demeurent inférieurs. Et l’agi-élévateur ne cesse d’enregistrer des pertes de revenus. Tout ceci affecte la population qui voit son économie chuter, alors que les prix des denrées dont on a besoin grimpent.
Bref, le constat implacable est que le pouvoir d’achat du citoyen a diminué à cause du Covid.
Lueur d’espoir
«Une lueur d’espoir se dessine grâce à la libre circulation des biens et des personnes amorcée en ce début de Juin dans la perspective du plan national de reconstruction après la pandémie. Les districts communiquent à l’intérieur du pays. L’on accède à des marchés pour s’approvisionnent en divers produits sur l’ensemble du pays. Le transport et divers autres services sont assurés. La vie s’améliore. C’est dire que les conséquences du Covid-19 tendent à se réduire », sourit encore notre interlocuteur Nahimana.
Nahimana énumère ensuite une série de recommandations au Gouvernement : Il faut que le Gouvernement renforce toujours les stratégies de lutte contre le Covid-19, et que les divers services octroyés améliorent le pouvoir d’achat du citoyen. Mais il faut aussi que les denrées alimentaires soient disponibilisés et augmentent.
Les zones qui ont subi des dégâts suite aux pluies diluviennes méritent de bénéficier des solutions durables à leurs problèmes.
L’on appuiera la population à produire rapidement les aliments nécessaires à consommer et à vendre. Il faut que l’Etat amène les commerçants à réduire les prix sur le marché pour les harmoniser avec le pouvoir d’achat du consommateur.
Mais surtout, l’hygiène doit être maintenue afin d’avoir des aliments sains et de qualité, tout en observant rigoureusement les mesures de lutte contre le Covid-19. (Fin)