Kigali: Depuis le début de cette année, plus de 100 réfugiés burundais ont déjà quitté les camps en Tanzanie pour aller demander asile au Rwanda.
Pour cause,-selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information-, les assassinats et enlèvements dont des Burundais sont victimes dans les camps de réfugiés dans leur premier pays d’accueil, en plus de mauvaises conditions de vie.
Constitués de femmes, jeunes hommes et enfants, certains ont déjà été accueillis au camp de Mahama, à l’est du Rwanda. D’autres sont toujours installés dans le centre de transit de Gatore, toujours à l’est de ce pays.
Ces demandeurs d’asile qui ont migré vers les Rwanda disent être témoins d’arrestations et d’enlèvements de leurs compatriotes et qu’ils craignent à leur tour pour leur sécurité.
“Moi j’ai assisté à l’arrestation de plusieurs dizaines de jeunes hommes dont mon époux. Depuis leur interpellation, certains ne sont jamais revenus au moment où d’autres sont arbitrairement emprisonnés. Pour ceux qui ont été libérés, les autorités tanzaniennes les ont livrés à la police burundaise. Imaginez-vous quel a été leur dernier sort”, témoigne une jeune femme de deux enfants qui habitait la zone 18, village 3 numéro 3 au camp de Nduta.
Un autre Burundais affirme avoir été détenu illégalement en Tanzanie. Ses amis n’ont pas eu la même chance que lui, selon son témoignage.
« J’ai été retenu dans plusieurs cachots. J’y ai vu beaucoup d’autres réfugiés burundais dont des amis à moi. La plupart d’entre eux n’a pas été libérée ou rendue au gouvernement burundais. Leurs familles sont partagées entre attendre leur retour ou procéder à la levée de deuil. Moi, j’ai pu échapper par chance », a-t-il indiqué.
Chemin de croix
Selon des témoignages des réfugiés, plusieurs d’entre eux sont tués au cours du chemin. “Quand nous avons quitté le camp, nous étions en trois groupes. Chaque équipe comptait au-moins 20 personnes. Nous avons dû faire une marche de 2 jours. Ceux qui avaient des moyens se sont déplacés en bus de transport ou sur vélos », a raconté un ancien réfugié de Nduta.
Et de continuer son récit: « Quand nous sommes arrivés au site de Gatore, mon groupe comptait moins de 10 individus. J’ai par la suite appris que la majorité des membres des trois équipes ont été appréhendés par des policiers et des civils tanzaniens gardiens de la paix. D’autres ont préféré rebrousser chemin, de peur d’être persécutés”, a-t-il laissé entendre.
Selon nos sources, les conditions de vie intenables dans les camps constituent également une autre cause de départ des réfugiés de la Tanzanie.
“La ration qu’on nous donnait à Nduta ne pouvait jamais suffire pour joindre les deux bouts du mois. Alors, les gens préfèrent aller travailler dans des champs de Tanzaniens, et des fois, ceux qui partent ne reviennent jamais. Pour les réfugiés qui vont travailler dans les champs, au lieu de te rémunérer, on t’emprisonne quand tu réclames ton salaire. Pire encore, ceux qui s’aventurent à voler dans les champs, ils sont tabassés ou tués », font savoir des anciens réfugiés.
La CBDH/VICAR crie à la violation des droits des réfugiés
La coalition burundaise de défense des droits humains vivant dans les camps de réfugiés (CBDH/VICAR) se dit préoccupée par ce qu’elle qualifie de « traitement inhumain » de réfugiés burundais en Tanzanie. “Les réfugiés burundais en Tanzanie n’ont jamais eu de répit depuis 2016.
Le pays d’accueil en complicité avec les autorités burundaises ne cesse de les malmener.
Certains ont été tués, d’autres ont subi et continuent de subir des emprisonnements arbitraires sans oublier des tortures.
En une année seulement, plus de 170 réfugiés burundais ont été enlevés. 91 d’entre eux restent introuvables à ce jour », a détaillé Léopold Sharangabo, vice-président de la coalition.
Elle appelle au gouvernement tanzanien de respecter les droits et conventions relatifs à la protection des réfugiés qu’elle a ratifiés.
Cette coalition a récemment envoyé une correspondance à la Tanzanie, au HCR, à l’Office du Haut Commissariat des droits de l’homme, à la commission onusienne d’enquête sur le Burundi et à l’Union Africaine. Elle leur demande de faire respecter le droit des réfugiés en Tanzanie. (Fin).