« Les partis d’opposition se sont retirés des présidentielles parce qu’ils se sont rendus compte que leurs chances de les gagner étaient vraiment minimes », a-t-il indiqué aux journalistes dans un point de presse mercredi le 30 juin.
Le Président du Parti gagnant CNDD-FDD, Jérémie Ngendakumana (Photo : André Gakwaya)
Il a tenu ces propos juste après l’annonce des résultats provisoires du scrutin présidentiel par le président de la CENI, l’Ambassadeur Pierre-Claver Ndayicariye.
Ces élections présidentielles qui ont été organisées le 28 juin ont été boycottées par les six partis d’opposition (UPRONA, FRODEBU, MNC, MSD, FNL, MPD) qui prétendent que les élections communales tenues auparavant, le 24 mai 2010, avaient été volées par le parti gagnant, le CNDD-FDD.
Ces partis disent aussi qu’ils ont abandonné la compétition électorale de juin parce que les mêmes irrégularités devaient revenir au scrutin présidentiel. Et ils ont opté pour le retrait.
Le président du CNDD-FDD estime que ce jeu de salir le gagnant n’est pas honnête. Mieux valait avouer que l’on préférait se réserver pour le scrutin prochain.
Il rappelé que le taux élevé de participation des électeurs démontre que rien ne peut entacher la légitimité du Chef de l’Etat.
A la question de savoir si une victoire sans concurents plaît aux leaders du CNDD-FDD, Ngendakumana a rétorqué : « Entre en compétition qui veut. Ils ont ont voulu se retirer parce que la campagne électorale coûte très cher ».
A un journaliste qui demandait : « que ferez-vous pour ces partis qui n’ont pas voté pour votre candidat ? », le président du CNDD-FDD a souligné que durant les élections, chacun des concurrents veut obtenir le plus de voix qu’il est possible d’obtenir. Mais qu’une fois la compétition terminée, on gère dans l’intérêt de tout le monde.
« Allez-vous associer l’opposition aux scrutins ultérieurs, notamment les législatives ? », demande encore un autre journaliste. « Je pense que c’est à eux de s’associer. S’ils le demandent, c’est leur droit », précise Ngendakumana.
Il ajoute qu’à travers le Forum permanent des partis politiques, l’on continuera à se parler, à dialoguer chaque fois que de besoin. « Le dialogue est la vie permanentes dans les affaires politiques. C’est une condition pour asseoir la bonne gouvernance.
C’est le 30 juin 2010, dans la salle de King’s Conférence sur l’avenue du large qui longe le Lac Tanganika, autour de 18 heures, que le Président de la Commission Nationale Electorale (CENI), Pierre Claver Ndayicariye a rendu publics les résultats provisoires du scrutin présidentiel du 28 juin 2010.
C’était en présence des membres du Gouvernement, des parlementaires, des représentants des organisations internationales, des membres du Corps diplomatique, des leaders des confessions religieuses et des observateurs électoraux.
La synthèse des résultats provisoires du scrutin au niveau national se répartit comme suit : Electeurs inscrits : 3 553 372 ; nombre des votants : 2 735 558 ; taux de participation : 76,98% ; suffrages favorables : 2 479 483 ; suffrages défavorables : 226 919 ; bulletins nuls : 29 156 ; candidat élu à : 91,62%.
Le taux de participation le plus bas a été enregistré dans la Mairie de Bujumbura : 41,15% ; les provinces de Bururi (57,52%) et Bujumbura Rurale (58,75%).
Le taux de participation le plus élevé a été noté dans les provinces de Ngozi : 90,40% ; Karusi : 89,47% ; et Muyinga : 88,22%.
Les communes de l’intérieur ont voté massivement Pierre Nkurunziza
Pendant que l’opposition forte dans la capitale a mobilisé pour le boycott du scrutin pour enregistrer autour de 40 % de participation au niveau des communes urbaines, les communes intérieures, elles, ont participé largement aux élections et ont voté même jusqu’à 97,3 % en faveur du candidat sortant Pierre Nkurunziza du Parti au pouvoir, le CNDD-FDD.
Ces informations sont rapportées par divers observateurs électoraux sur le terrain et par les journalistes des quinze radios du pays regroupées en un seul studio pour couvrir les élections.
Dans la matinée de mardi 29 juin, les résultats partiels attestaient déjà que Nkurunziza enregistrait de plus en plus un bon score. Et qu’il reste l’enfant chéri de la population rurale. Une population qu’il a sensibilisée lors de sa lutte pour la libération et qui lui reste tant fidèle.
Tôt le matin, deux provinces, Gitega et Rutana, qui avaient terminé le décompte des bulletins ont connu un taux de participation respectivement de 75% et 81 %. Avec 94,4% et 90% en faveur du candidat du CNDD-FDD.
Six communes sur sept en province de Karuzi avaient fini le comptage du scrutin. 89,7 % des 166 752 électeurs inscrits ont voté. Et 97,3% ont plébiscité Pierre Nkurunziza.
Côté sécurité, dans la nuit du 28 juin, deux grenades ont été lancées dans la capitale Bujumbura. L’une dans la commune Rohero sur le domicile du Major Général Evariste Ndayishimiye, actuel directeur de cabinet du Président pour les questions de militaires. La grenade n’a pas fait de victime, si ce n’est le mur de l’enclos. Une deuxième grenade a été lancée sur le véhicule de l’Ambassade de Tanzanie et a brisé le vitre de devant.
En province de Muramvya, un homme armé a tué un homme et sa femme. L’assassin considéré comme un démobilisé a fui. La police le recherchait pour l’arrêter. En commune Kanyosha, des agresseurs inconnus ont lancé à Muyira une grenade sur un véhicule de la CENI ramenant des bulletins de vote.
Les présidentielles sous très haute tension
Tracts appelant au boycott et attentat à la grenade à quelques mètres du domicile des observateurs électoraux de l’UE, c’est dans ce climat tendu que le scrutin qui devait débuter à 6h 00 ce 28 juin a commencé avec 30 minutes de retard un peu partout dans le pays.
Même si des grenades ont été lancées sur des gens, les 28 mille soldats et 18 mille policiers du pays ont bien assuré tant la sécurité. Des tracts appelant au boycott du scrutin ont été distribués. Plus de cent de personnes appréhendées pour ces délits sont en prison. Huit personnes sont déjà mortes et plus de 60 autres ont été blessées depuis quelques semaines.
Ce chiffre macabre a été revu à la hausse avec des attentats qui se sont multipliés lors du scrutin, et qui ont commencé quelques semaines après les très contestées élections communales du 24 mai dernier suivies du retrait des élections présidentielles de tous les candidats de l’opposition.
Les lanceurs de grenades voulaient créer la panique pour que les gens n’aillent pas aux urnes. Dans la commune urbaine de Cibitoke, des gens ont été détenues par la police parce qu’elles mobilisaient la population en vue du boycott du scrutin.
Ces derniers jours, à cause de cette psychose, au nord du pays, dans la commune de Bugabira, une centaine de Burundais ont fui vers le Rwanda suite au climat de peur lié au scrutin. Les autorités ont franchi la frontière pour les tranquilliser et les rapatrier.
Par contre dans plusieurs autres provinces de l’intérieur les gens ont répondu au scrutin.
Le président de la Commission Electorale Nationale (CENI) est intervenu pour corriger les imperfections constatées à divers endroits comme le manque de certains documents électoraux ou le manque du cachet de la CENI à certains bureaux de vote. Il a encore corrigé d’autres hésitations d’interprétation du règlement du scrutiny.