Madame Diyana Mayenga est chargée du Bureau Régional au sein du Bureau International du Travail (BIT) pour l’Afrique Central à Yaoundé. Elle supervise 11 pays. Elle considère que la protection sociale constitue le pilier même du développement. Comme profil universitaire, madame Diyana Mayenga a fait les Hautes Etudes Commerciales dans l’Université au Liège. Ensuite, elle a obtenu un diplôme de maîtrise en Finances Publiques à l’Université d’Anvers.
Elle est arrivée à la tête du Bureau International du Travail (BIT) pour l’Afrique Centrale depuis juin 2007. Son Bureau compte une série d’innovations et de réalisations qui constituent une référence.
« Nous accordons priorité à une approche qui concilie les principes fondamentaux du BIT avec les priorités des pays. Ceci est relativement envisageable, car ces pays se trouvent être les mandants du BIT. Et que tout ce qui est adopté au niveau des politiques est une émanation de nos mandants tripartites », commence-t-elle par confier au journal Grands Lacs Hebdo, avant de poursuivre :
« Les travailleurs, les employeurs et les gouvernements sont représentés dans la structure du BIT qui est une structure tripartite ».
Ceci privilégie la promotion des approches qui vont vers la création des emplois et la promotion de la protection sociale, parce que l’on a affaire aux acteurs socio-économiques du monde de l’entreprise et du monde du travail.
Comment concilier cela ?
C’est en étant attentif aux agendas des pays. D’abord sur le plan régional, l’engagement de la région Afrique vis-à-vis de la protection sociale s’est matérialisé à l’occasion du Sommet des Chefs d’Etat de l’Union Africaine (UA) à Ouagadougou tenu en 2004. C’était un Sommet qui s’est consacré à l’Emploi et à la Pauvreté.
Au regard du plan d’action issu de cette rencontre, la protection sociale se situe comme une priorité. Cet engagement s’est confirmé aussi en 2007 puisque les pays membres du BIT ont adopté le programme régional pour la promotion du travail décent en Afrique.
La protection sociale de base dans les pays en voie de développement appelle une responsabilité de l’Etat au niveau des services publics de base, telles que l’éducation et la santé, tant en ce qui concerne l’offre de ces services publics qu’en ce qui concerne l’accès du moins pour les plus démunis, les indigents, ceux qui n’ont pas de capacités contributives.
Mais il a été dit aussi que toute cette masse qui n’a pas été couverte n’est pas obligatoirement pauvre. Et c’est ça la dynamique du BIT.
C’est de dire : « Préservons l’acquis se situe essentiellement du niveau des caisses de sécurité sociale. Et en ce sens, le BIT a développé une panoplie d’outils pour les soutenir, les aider à mener des études qui puissent assurer l’équilibre financier de leurs branches. Qu’il s’agissent des pensions, des prestation familiales ou des risques professionnels », a expliqué madame Mayenga.
Le BIT a aussi l’ambition – et c’est le sens de cette conférence de Kigali de novembre 2008 – de faire en sorte que ce système qui existe déjà contribue aussi à l’extension de la protection sociale, ne fût-ce qu’en améliorant la qualité des prestations qui sont servies pour leurs institutions.
C’est un rôle d’expertise qui peut conseiller les décideurs politiques. Ensuite, il y a l’extension par des formules beaucoup plus originales et plus spécifiques aux besoins des populations.
« L’expérience rwandaise est encourageante »
Diplômé de l’université du Burundi en Droit, diplômé des Etudes Supérieures de Sécurité Sociale de la Sorbonne, Tharcisse Nkanagu est entré au Bureau International du Travail en 1982. Il a assuré diverses responsabilités de Conseiller Technique et de Direction au niveau du siège, des pays de l’Océan Indien, et au niveau des pays de l’Afrique de l’Ouest, Bureau de Dakar. Maintenant, il est Coordinateur de la région du département de la Sécurité Sociale au sein du BIT à Genève.
Pour lui, la volonté du leadership rwandais en matière de protection sociale constitue un modèle pour le continent. En réalité ces revenus transférés au niveau des familles, des personnes âgées et des retraités continuent à alimenter la vie économique. Ce sont des consommateurs qui vont animer le marché local, dynamiser l’économie locale.
Des mesures que les grandes puissances sont entrain de prendre pour juguler la crise financière consiste essentiellement à soutenir les systèmes financiers afin que ces derniers puissent continuer à consommer, à avoir un emploi ou une activité génératrice de revenus.
Ce système permet de financer les entreprises pour que ces dernières gardent des emplois et des personnes en leur sein. Ainsi la vie économique continue-t-elle de sauvegarder sa vitalité. C’est pour cette raison que la protection sociale doit faire partie des dispositifs de solutions à la crise financière mondiale.
Dans les stratégies actuelles envisagées ou documents cadres de lutte contre la pauvreté, la protection sociale est un axe véritable de lutte contre la pauvreté.
Car, il s’agit de maintenir le pouvoir économique des familles, des chefs de ménages surtout.
« Nous sommes à mi-chemin dans la mesure où une grande partie de la population, surtout en Afrique du Sud du Sahara, n’est pas bénéficiaire des mesures de protection sociale », indique Nkanagu.
« Mais quand il y a une volonté politique comme c’est le cas du Rwanda, les projets et programmes avancent. La couverture sociale s’étend de plus en plus », confie-t-il, avant de constater :
« Au regard de ce qu’a fait le Rwanda ces dernières années, par exemple en mettant en place la RAMA, le régime d’assurance maladie, la caisse des militaires, les mutuelles de santé, plus la Caisse Sociale du Rwanda, les estimations aujourd’hui sont que par exemple au Rwanda, la population est couverte à hauteur de plus de 70% par ces divers dispositifs de protection sociale. C’est encouragement ».