RDC-Rwanda: la cohésion entre les peuples continue malgré la détérioration des relations entre les deux pays

Des agents des services congolais de sécurité à la frontière entre le Rwanda et la RDC entre la ville de Goma et Gisenyi dans le district de Rubavu, le 19 janvier 2024

Depuis plus de deux ans, les relations entre la RDC et le Rwanda ne cessent de se tendre. Les deux pays de la région des Grands-Lacs d’Afrique s’accusent mutuellement de provocation, chacun reprochant à son voisin de soutenir ses ennemis qui veulent déstabiliser son territoire. 

D’après le Collectif SOS Médias Burundi qui a réalisé ce dossier, la cohésion entre les peuples continue et se matérialise par les échanges commerciaux et sociaux malgré ces tensions. 

Goma-Gisenyi

À la frontière Goma-Gisenyi, entre le chef-lieu de la province du Nord-Kivu à l’est du Congo et la province de l’ouest-Rwanda, le commerce transfrontalier reste maintenu dans cette partie où au moins deux militaires congolais ont été tués par les forces rwandaises qui les ont accusés de « violation du territoire souverain du Rwanda ». Certaines femmes commerçantes de la ville de Goma estiment que « les divergences politiques entre nos deux pays ne devraient pas affecter nos activités ».

« Je traverse cette petite frontière chaque matin vers Gisenyi, puis je fais mes activités puis rentre ici à Goma. Pour nous, petits commerçants, nous ne sommes intéressés que par nos échanges. J’ai des amis à Gisenyi. Quand j’y arrive avant de commencer mes activités, ils me donnent la nourriture aisément comme s’ils accueillaient leur propre sœur », se réjouit Odile Kavira, une commerçante congolaise.

Et de continuer: « je ne pense pas que la politique peut nous diviser et si cela pouvait arriver, ma vie serait en difficulté car les Rwandais sont nos frères et sœurs ».

Elle affirme qu’en dehors du commerce, ses amis viennent souvent passer le week-end chez elle en ville de Goma.

Pour Kavira, ses partenaires d’affaires rwandais sont devenus « mille fois des frères et sœurs car nous ne ressentons aucune différence entre nous ».

« D’ailleurs ce week-end, la famille de mon amie Akeza Gaëlla était chez moi ici à Goma. Nous avons passé plusieurs heures ensemble. Elle venait montrer à ses enfants à quoi ressemble la vie de Goma », témoigne-t-elle contente.

C’était la première fois que Gaëlla Akeza visite Goma en compagnie de ses deux filles.

« Ses deux jolies filles ont fait connaissance de mes enfants. Elles ont été très surprises d’entendre des Congolais qui parlent le Kinyarwanda. C’était génial », dit Odile Kavira qui compte amener ses enfants sur les plages de Gisenyi de l’autre côté de la frontière pour aller « trouver des amis Rwandais » aussi le week-end prochain.

Création des associations

Selon Léonie Ayinkamiye, les Rwandaises et Congolaises qui vivent du commerce transfrontalier ont créé des associations qui les rassemblent dans le seul but de lutter contre la pauvreté. Ce sont de petites coopératives d’épargne et de crédit.

« Normalement nous n’avons pas de capitaux énormes pour acheter des quantités de marchandises dont nous avons besoin. Moi par exemple ici à la petite barrière, je peux difficilement avoir 700 USD dans une semaine mais à travers notre association, je trouve cet argent car les Congolaises ont beaucoup de dollars. Comme nous avons une unique caisse, nous aussi nous en profitons », se félicite cette commerçante rwandaise.

Contrairement au Burundi, le Congo n’a jamais fermé ses frontières avec le Rwanda malgré les désaccords. Plusieurs Congolais et Rwandais de Goma et Gisenyi qui se sont confiés à SOS Médias Burundi disent que « fermer cette frontière reviendrait à nous étouffer ».

Conseil aux autorités

Des habitants de Goma et Gisenyi qui se sont exprimés sur le micro de SOS Médias Burundi demandent à leurs autorités de trouver des solutions durables aux conflits qui perdurent entre les deux pays et qui risquent de « nuire aux vies des populations paisibles ».

« Quand je vois un Rwandais, je me sens à l’aise car c’est un frère, je l’aide et il m’aide surtout lorsque chacun a besoin de l’autre. Moi je pense que nos dirigeants doivent chercher comment résoudre les problèmes qu’ils ont entre eux pour éviter que cela ne nous affecte nous le bas peuple et qui vivons grâce aux petits moyens », indique Marc Hamuli, commerçant congolais. (End)