Est de la RDC : le Parlement rwandais dénonce une résolution “biaisée et partiale” du parlement européen   

Le Parlement rwandais dénonce une résolution adoptée le 13 février 2025 par le Parlement européen qu’il juge “biaisée” et “partiale”, au motif qu’elle s’appuie sur une approche biaisée consistant à occulter délibérément les préoccupations légitimes du Rwanda en matière de sa sécurité ainsi que les causes profondes de l’insécurité dans l’Est de la RDC qui ont leurs origines dans l’héritage colonial, en raison duquel différents facteurs  tels que les frontières arbitraires tracées lors de la Conférence de Berlin (1884-1885) et la Convention de Bruxelles (1910) ont fait que des populations rwandophones se soient retrouvées en RDC.  

L’organe législatif rwandais qui s’est réuni le 21 février 2025 note que la mauvaise gouvernance du gouvernement de la RDC a contribué à ancrer la perception des communautés rwandophones comme étrangères, alimentant les divisions ethniques, les massacres et les discours de haine particulièrement à l’encontre des Tutsi congolais. 

Les deux chambres du parlement rwandais,-le Sénat et la Chambre des Députés-,  dénoncent l’absence de mention de la milice génocidaire rwandaise FDLR par le Parlement européen, malgré son implication majeure dans la crise actuelle dans l’Est de la RDC et la menace existentielle qu’elle représente pour le Rwanda. 

Elles rappellent que l’Est de la RDC s’est transformé en un bastion pour plus de 250 groupes armés, au premier rang desquels figurent les miliciens génocidaires “Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR)”, composés de ceux qui ont commis le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. 

Le parlement rwandais exprime son regret face au silence délibéré du Parlement européen face à la persécution des communautés tutsi congolaises, qui continuent de faire l’objet de discours de haine, de lynchages, d’actes de cannibalisme et d’autres violences atroces.  

Il rappelle que les massacres perpétrés par le gouvernement de la RDC au cours des trois dernières décennies, avec le soutien de la milice génocidaire FDLR, ont causé la mort de milliers de Tutsis congolais et forcé des centaines de milliers à fuir vers les pays voisins, dont plus de 100. 000 réfugiés actuellement au Rwanda. 

Le parlement rwandais condamne l’indignation sélective manifestée par le Parlement européen vis-à-vis des récentes avancées du M23, -qui se positionne comme le bouclier de la communauté tutsi-, tout en omettant de prendre en compte les conditions ayant contribué à la résurgence de ce groupe. 

La rébellion du M23 a resurgi en 2022 après dix ans d’exil de ses dirigeants et de mise en sommeil du mouvement, et après 14 mois de négociations officieuses et infructueuses avec Kinshasa.

Le M23 se bat principalement pour le retour dans leur pays de leurs proches qui croupissent dans des camps de réfugiés et pour la défense des membres de la minorité Tutsi qui sont pris pour cible depuis plus de trois décennies, y compris dans le cadre de la campagne anti-M23 en cours.   

Dans leur résolution du 13 février 2025, les députés européens ont en effet condamné fermement l’occupation des territoires dans l’Est de la RDC par les rebelles du M23 qu’ils assimilent au Rwanda.  

Les parlementaires rwandais appellent leurs homologues européens à reconnaître la menace que représente l’extrémisme ethnique violent porté par le gouvernement de la RDC, la milice génocidaire FDLR, les forces burundaises et les milices Wazalendo, qui compromettent la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs.   

Ils rappellent que le gouvernement de la RDC a constitué une coalition belligérante avec l’intention déclarée de renverser le régime au Rwanda, laquelle coalition, en constante expansion, regroupe la milice génocidaire FDLR, les milices ethniques congolaises Wazalendo, des forces burundaises, des mercenaires européens ainsi que la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC).

Ils regrettent le fait que le Parlement européen et d’autres acteurs minimisent la menace existentielle que représente la coalition de Kinshasa pour le Rwanda, malgré les rapports et les preuves attestant des attaques répétées et de l’attitude hostile de Kinshasa et de ses alliés et qu’après la chute de Goma, les médias ont révélé que la coalition de Kinshasa avait : accumulé des armements lourds comprenant des drones d’attaque, des missiles guidés et des mortiers; des tranchées en direction du Rwanda anticipant des confrontations directes; et des plans de guerre élaborés pour déclencher une attaque à grande échelle sur le sol rwandais. 

Les parlementaires rwandais rejettent le discours de leurs homologues européens qui attribue le conflit dans l’Est de la RDC à l’exploitation minière, en ignorant délibérément le fait que le problème fondamental est le gouvernement de la RDC qui attise les divisions ethniques, des massacres et le discours de la haine contre les Tutsi congolais. 

Parmi les sanctions préconisées dans la résolution susdite, le parlement européen appelle à suspendre immédiatement le Mémorandum d’entente de l’Union Européenne(UE) sur les chaînes de valeur des matières premières durables avec le Rwanda, y compris l’exportation de minéraux extraits des zones contrôlées par le M23.

Le Parlement rwandais rejette en outre la politisation de la coopération au  développement par des partenaires occidentaux et les efforts intenses de lobbying menés par quelques pays et organisations internationales comme le Parlement européen qui s’activent pour des sanctions contre le Rwanda. 

Dans leur résolution, les eurodéputés ont en effet demandé à la Commission européenne, aux États membres de l’UE et aux institutions financières internationales de geler l’aide budgétaire directe au Rwanda. La Commission et les pays de l’UE devraient également cesser leur assistance militaire et sécuritaire aux forces armées rwandaises. 

Les parlementaires rwandais rappellent qu’historiquement les sanctions n’ont jamais réussi, par le passé, à instaurer la paix et la stabilité, mais plutôt ont poussé le gouvernement de la RDC à intensifier sa démarche militaire. 

Le parlement rwandais dénonce en outre la collaboration du gouvernement de la RDC avec des mercenaires des États membres de l’Union européenne, qui constitue une violation flagrante de la convention de 1977 de l’Organisation de l’Unité africaine (aujourd’hui Union africaine) et de la Convention des Nations unies de 1989 relative aux mercenaires, et invite la communauté internationale à condamner ces actions. 

Il réaffirme son soutien à la résolution de la crise sécuritaire à l’est de la RDC par la voie du dialogue direct entre les belligérants, et ce, conformément aux engagements pris lors de la réunion conjointe du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’EAC et de la SADC, qui s’est tenue le 8 février 2025 à Dar es Salam, en Tanzanie et qui ont été approuvés par le sommet de l’Union africaine tenue à Addis-Ababa le 15 février 2025. 

Le parlement exhorte la communauté internationale, en particulier l’Union européenne, – dont les États membres continuent d’héberger des rwandais fugitifs du génocide-, à jouer un rôle actif dans la lutte contre l’idéologie du génocide sous toutes ses formes. 

Le parlement rwandais réaffirme le droit inaliénable de chaque pays de protéger sa souveraineté et de garantir la sécurité de sa population. Il rappelle la persistance des attaques et des bombardements transfrontaliers visant le Rwanda, perpétrés par la milice génocidaire FDLR avec la complicité du gouvernement congolais, dont les attaques meurtrières de Kinigi (Musanze) le 1er octobre 2019 et récemment de Rubavu le 26 janvier 2025 qui ont fait 16 morts et 177 blessés parmi les civils.  

Le parlement rwandais dénonce le fait que la milice génocidaire FDLR ait été pleinement intégrée dans les FARDC(Forces Armées de la RDC) et est devenue un partenaire clé du gouvernement de Kinshasa, avec lequel elle poursuit un objectif commun : attaquer le Rwanda et renverser le régime en place. 

Il appelle tous les pays, ainsi que les organismes régionaux et internationaux, à s’abstenir d’adopter des récits empreints de partialité comme celui du Parlement européen, et les exhorte plutôt à encourager les belligérants dans l’Est de la RDC à s’engager dans un dialogue constructif en vue de parvenir à une paix durable dans la région des Grands Lacs.

La résurgence du M23(Mouvement du 23 Mars) et son offensive dans l’Est de la RDC sont au cœur des tensions entre Kigali et Kinshasa. La RDC accuse le Rwanda de soutenir le mouvement rebelle congolais.

Le Rwanda a également accusé la RDC de soutenir le groupe paramilitaire FDLR créé par les responsables du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 et qui cherchent à reconquérir le pouvoir au Rwanda à partir de la RDC où ils sont exilés depuis leur défaite il y a trente ans. 

A noter que la RDC et le Rwanda nient soutenir respectivement les FDLR et le M23. (Fin)

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