Afrique : Qu’avons-nous fait de nos indépendances ?

Si nous avons commencé notre éditorial avec les pays de la région des grands lacs (Rwanda, Burundi et RDC) ça ne veut pas dire qu’ailleurs en Afrique les choses sont allées dans le bon sens. Regardez ce qui se passe au Niger où le président Mamadou Tandja s’arroge tous les pouvoirs et destitue, tour à tour, l’assemblée nationale et la cour suprême parce que ces deux organes lui refusaient de changer la constitution en vue de briguer un autre mandat. Bienvenue la présidence à vie.

Nous n’avons pas encore oublié qu’il y a quelques mois les frères Nyassimbé au Togo se battaient pour la présidence du pays. Au Gabon la mort d’Omar Bongo plonge le pays dans un grande incertitude mais apparemment son fils se place pour succéder à son père. Monarchie ou république ? Nous pouvions parler beaucoup d’autres pays car la liste est longue : Libye, Soudan, Gambie, … et surtout le Zimbabwe de l’inénarrable Robert Mugabe. Pauvre Afrique.

Mais pourquoi ? 
        

Le problème avec beaucoup de régimes politiques africains, c’est que jamais les règles du jeu ne sont respectées. Les Constitutions subissent des interventions chirurgicales sans anesthésie. Les Armées nationales sont des instruments des hommes politiques et se placent quelquefois au cœur des jeux politiques. Le pouvoir central dans certains pays est entre les mains de la famille du Président et de ses proches. Telles sont les réelles causes des instabilités politiques que connaît la majeure partie des Etats africains après la mort inattendue d’un Chef d’Etat ou un coup d’Etat.  

Si le multipartisme et l’élection se sont rapidement généralisés à travers l’Afrique, la succession et l’alternance sont encore rares. Ceci tient à l’histoire politique particulière du continent, marquée par des logiques de personnalisation. Paradoxalement, les alternances semblent possibles presque exclusivement quand s’annoncent des successions,-rarement en douceur-, ce qui confirme la persistance des logiques de personnalisation.