Brève chronologie historique : la Belgique au Rwanda

1. Le Rwanda n’a jamais connu de massacres entre habitants avant la colonisation allemande, puis belge qui, suite à la conférence de Berlin de novembre 1884 à février 1885, donna lieu à la signature de l’Acte Général de répartition de l’Afrique entre puissances occidentales. Le Rwanda fut attribué à la zone allemande. Puis, l’Allemagne, l’Angleterre et la Belgique se sont entendus pour acter la diminution des frontières du Rwanda, annexant des territoires rwandais au Congo Belge et à l’Uganda.

2. En 1924, puis en 1946, la Société des Nations et l’Organisation des Nations Unies confient à la Belgique un régime de tutelle sur le Rwanda avec comme obligations de “favoriser le progrès politique, économique et social des populations, assurer l’égalité de traitement dans ces domaines, le développement de leur instruction vers la capacité à s’administrer eux-mêmes ou l’indépendance, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.” La Belgique mettra en place au Rwanda un système politique divisionniste contraire à ces dispositions légales.

3. En 1916, l’Allemagne fut vaincue militairement par la Belgique pour le contrôle du Rwanda. À partir de 1917, la Belgique entama une réforme profonde des institutions coutumières du Rwanda. Les changements introduisent la législation du travail incluant les peines corporelles sévères ( le fouet, la bastonnade,…), la catégorisation des Rwandais comme groupes identitaires différents, le renvoi des chefs et sous-chefs Hutu et Batwa, l’instauration des cartes d’identité à mention ethnique, la destitution du Roi Musinga envoyé de force au Congo belge où il mourut sans possibilité de retrouver son corps jusqu’à nos jours, l’intronisation de son fils Rudahigwa et son empoisonnement en juillet 1959 quand il commença à revendiquer l’indépendance du Rwanda, la création d’un Parti raciste PARMEHUTU et son instauration au pouvoir dans un massacre organisé visant les Tutsi à partir du 2 novembre 1959. Pour instaurer le PARMEHUTU au pouvoir, la Belgique détache le Colonel Guy Logiest au Rwanda avec statut de Résident militaire spécial, muni de pleins pouvoirs d’administration.

4. Une fois assuré que le PARMEHUTU monopolise la scène politique, la Belgique accorde au Rwanda une indépendance en juillet 1962 qui n’apporta ni la paix ni la stabilité. Le Rwanda avait connu quatre années (1959-1962) de massacres impunis dont celui de plus de 2.000 Tutsi dans la préfecture de Byumba en mars 1962. En décembre 1963, un véritable génocide visant les Tutsi du Rwanda fut organisé avec l’appui de la Belgique. Certains diplomates, missionnaires, coopérants internationaux, la presse française, belge, britannique, Vatican, qualifient ces tueries de génocide : 

« Véritable génocide au Rwanda » (Tribune de Lausanne, 12 février 1964) ; 

« Sommes-nous complices d’un génocide ? » (Pourquoi pas, 7 février 1964) ; 

« “Genocide” Charge in Rwanda U.N. Plans to Assist Refugees » (The Times, 3 février 1964) ; 

« Rwanda Policy of Genocide Alleged » (The Times,16 février 1964) ; 

« Batutsi: Are They Victims of Genocide?» (The Washington Post, Times Herald,16 février 1964), etc. 

5. Le 7 février 1964, le Gouvernement belge s’en saisit et reconnut la “liquidation des Tutsi” et se préoccupait que ses soldats présents au Rwanda, souvent sur le champ de massacres, risquaient d’être accusés de “participation à un génocide”. L’armée rwandaise, exclusivement hutu créée par la Belgique et qui commettait ces massacres, était encadrée par des militaires belges sous le commandement du major Turpin. En 1973, avec l’arrivée du général Juvénal Habyarimana au pouvoir, la coopération belge s’intensifie malgré l’endurcissement de ce gouvernement sur des questions importantes de droits humains, dont l’épineux problème des réfugiés rwandais exclus du retour dans leur pays.

6. En octobre 1990, la Belgique envoya un contingent de 500 militaires en appui au gouvernement rwandais à l’instar de la France et du Zaïre. En 1993, après la signature de l’Accord de paix d’Arusha, la Belgique contribua à la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR) par l’envoi de 450 hommes. De janvier à avril 1994, la Belgique à travers son service de renseignements de la MINUAR et de son ambassade à Kigali, disposait d’informations clés sur les préparatifs du génocide. Des partis politiques belges continuent d’afficher leur soutien au MRND entre 1990 et 1994, un soutien qui continuera dans les camps de réfugiés au Zaïre et en Belgique après la perpétration du génocide. 

7. Le 7 avril 1994, la Belgique décide non seulement de retirer ses troupes, paralysant ainsi la MINUAR, mais elle mène en même temps une campagne diplomatique très active, à l’instar de celle qu’elle mène aujourd’hui en 2025 contre le Rwanda, visant le retrait total de la Mission. Le 11 Avril, les troupes belges abandonnèrent plus de 2000 réfugiés à l’ETO Kicukiro qui furent abattus par des militaires et milices du gouvernement. Sur cette pression belge, le 21 avril, le Conseil de sécurité décide le retrait de la MINUAR en laissant au Rwanda une présence militaire symbolique de 270 hommes. 

8. En 1997, une Commission de Sénat Belge reconnut les responsabilités de la Belgique dans l’abandon des civils. Le 7 avril 2000, le premier ministre Guy Verhofstadt présenta des excuses publiques de l’État belge lors de la commémoration du génocide à Kigali. Le Rwanda croyait en la bonne foi de la Belgique et avait entamé une coopération dans plusieurs domaines, tout en n’ignorant pas les proximités belges avec l’ancien gouvernement rwandais. 

9. La Résolution 2150 (2014) adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 16 avril 2014, oblige aux États de “tirer les leçons du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsis au Rwanda”“Condamne sans réserve toute négation de ce génocide et invite les États Membres à se donner des programmes éducatifs pour graver dans l’esprit des générations futures les leçons du génocide, le but étant d’en prévenir d’autres dans l’avenir”; “demande aux États d’enquêter sur les faits, d’arrêter, de poursuivre ou d’extrader, en exécution de leurs obligations internationales en la matière, tous autres fugitifs accusés de génocide qui résident sur leur territoire, y compris les dirigeants des FDLR”.

10. La Belgique ne respecte pas cette résolution. Elle est actuellement le principal État européen qui finance des réseaux négationnistes avec l’aide budgétaire des collectivités publiques. Certes, la Belgique a jugé quelques suspects de génocide, mais mène sans cesse une politique inacceptable d’hostilité contre le Rwanda, une partialité et une adhésion avérées aux mensonges de la RDC, des compromissions manifestes en faveur de ce gouvernement, une insouciance délibérée sur le projet génocidaire des FDLR, un groupe terroriste menaçant la paix et la sécurité du Rwanda et de la région des Grands Lacs. (Fin)

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