Est-il nécessaire d’accorder un troisième mandat à Kagame ? (Edito)

Mais l’opinion commence à craindre que cela ne soit un jour une réalité sous la force de la manipulation.

Il s’avère ici que certains Rwandais ont la mémoire trop courte. Ils commencent à oublier que le pays sort à peine d’une guerre et d’un génocide. Et que l’origine de cette tragédie est l’absence, sinon le piétinement de textes légaux qui assurent la stabilité des institutions et du pays, ainsi que la dignité de tout un Peuple.

Commencer un prêche appelant à modifier les chapitres les plus importantes d’une Constitution qui incarnent les valeurs démocratiques d’une Nation, voilà un discours préoccupant qui exige une réflexion approfondie et une vigilance constante de la part de l’ensemble de la population.

Le Rwanda est une République souveraine, qui consacre le principe de l’alternance et de l’Etat de droit, tel que prôné par l’Accord d’Arusha, qui a proposé une nouvelle ligne servant de référence pour le partage du pouvoir.

L’actuelle Constitution s’inspire d’ailleurs de cet Accord. Les gens qui proposent d’avoir un président qui s’éternise au pouvoir sont ceux-là même qui veulent conserver des privilèges qu’ils détiennent depuis longtemps. Selon certains, ils veulent, soit par ignorance ou par désir de piéger, jeter le pays sur les sentiers de la déstabilisation.

Le Président Kagame en personne a souligné récemment dans une interview avec la chaîne américaine CNN que ce deuxième mandat est le dernier.

Interrogé sur les déclarations du Ministre Fazil Harelimana appelant à la modification de la Constitution afin de permettre au Président Kagame de briguer un troisième mandat, l’Ombudsman Tite Rutaremara, qui a supervisé la confection de l’actuelle Constitution, a livré son avis de ne pas toucher à la Constitution que les Rwandais ont mise au point.

Selon lui, il faut que ce soit une nécessité, et qu’il y ait une concertation de tous, avant un quelconconque changement. Il faut aussi que les gens fassent le contour de toutes les implications et de toutes  conséquences éventuelles.

En définitive, il s’avère, au regard de notre passé récent, que les Rwandais n’ont pas besoin d’un président qui s’éternise au pouvoir. L’alternance au pouvoir reste une voie démocratique qui écarte les dérives autoritaires. Et elle inspire plus de confiance au Peuple.