Inhumation à Cyanika des restes de 104 victimes du génocide contre les Tutsi

Kigali: Les restes des corps de 104 victimes du génocide contre les Tutsi, récemment retrouvés dans le secteur de Cyanika dans le district de Nyamagabe, devant le parvis de la paroisse catholique de Cyanika, ont été enterrés de manière décente dans le site mémorial de Cyanika.

Le mémorial du génocide de Cyanika est le lieu de repos définitif pour plus de 35 000 victimes du génocide.

Différents autorités ont assisté à l’événement y compris Busingye Johnston, Ministre de la justice et garde des sceaux, le prof Jean-Pierre Dusingizemungu, président de l’IBUKA au niveau national, le Dr Jean-Damascène Bizimana, secrétaire exécutif de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG), CG Emmanuel Gasana, gouverneur de la province du Sud, et des représentants de l’armée et de la police dans la province du Sud, entre autres.

Les nouvelle sur ces corps ont été annoncées le 17 septembre 2019, quand Anatolie Mushimiyimana, âgé de 24 ans, qui travaillait dans cette parcelle appartenant à l’église catholique les a découverte et en a informé les dirigeants locaux.

Les corps ont été retrouvés dans un morceau de terre arable qui laisse supposer que, mis à part la fille qui révélât des informations, d’autres personnes qui ont cultivé la terre avaient peut-être déjà vu les corps et cachaient des informations.

Johnston Busingye, ministre de la Justice et garde des sceaux, qui était l’invité principal de l’événement, a félicité la jeune fille qui a donné des informations sur ces corps, et a condamné ceux qui avaient déjà vu les corps avant et gardé silence.

«Une jeune fille a eu le courage de dire ce que les personnes âgées avaient vu ou savait, mais une fille de 24 ans l’a dit. Cela signifie quelque chose pour les jeunes et notre avenir. Cela montre également à quel point notre passé était mauvais. La jeune fille est un bon exemple d’avenir », a-t-il noté.

Il a dit que le fait que ces corps aient été retrouvés sous la cour d’une église ayant des prêtres et croyants était un problème sérieux. Il a ajouté que cela montre le climat de silence.

«Il est choquant de voir que, vingt-cinq ans plus tard, il y a toujours des corps de victimes du génocide à moins de 5 mètres des portes d’une église où les croyants se rendent tous les dimanches. C’est quelque chose de choquant qui devrait pousser les gens en prière qui connaissent ce genre de choses mais qui gardent le silence, de savoir que, mis à part nous-mêmes, même le Dieu qu’ils prient, les blâme et les tiendra pour responsables s’ils croient vraiment en lui».

Il a ajouté que «cela montre que 25 ans ne sont pas nombreux, car l’idéologie du génocide pèse toujours très lourd. Nous devons nous asseoir ensemble et en discuter afin de construire notre pays sur le fondement solide de notre unité».

Le Ministre Busingye a déclaré que l’idéologie du génocide était répandue parmi les Rwandais depuis longtemps et que son déracinement nécessite une force extraordinaire sous différents angles, notamment des lois, des pourparlers et des mesures de répression contre ceux qui tentent de le revitaliser.

Dr Jean-Damascène Bizimana, Secrétaire exécutif de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG), dans sa conférence sur l’histoire du génocide à Cyanika et les moyens d’y faire face, a souligné que le génocide avait été préparé à Gikongoro depuis 1959 jusqu’à sa perpétration en 1994.

Il a rappelé que plus de 20000 Tutsi avaient été tués à Gikongoro en 1963 après les attaques des Rwandais qui s’étaient réfugiés au Burundi en 1959 à Bugesera, alors que ces deux régions ne sont pas plus proches.

Il a expliqué que les auteurs de ces massacres n’étaient pas tenus pour responsables, car le 20/05/1963, un décret accordant la grâce de ceux qui étaient impliqués dans ces massacres avait été signé. Il a toutefois rappelé que le même décret stipulait que tout Tutsi qui aurait tué un Hutu en état de légitime défense ne bénéficierait pas de cette grâce, ce qui explique clairement le plan d’extermination des Tutsi.

Les citoyens ont été invités à se tenir ouverts pour donner des informations sur les corps de victimes du génocide afin que leurs corps soient enterrés de manière décente. (Fin)