Kigali: Des Experts échangent sur les meilleures stratégies de financer la santé des Africains

Tapsoba Boukary, Conseiller Technique Principal en Financement de la Santé au niveau de l’Organisation « Financing Alliance for Health (FAH) ».

La Septième Conférence de l’Alliance pour le Financement de la Santé en Afrique regroupe à Kigali cinq cents participants qui échangent sur les meilleures stratégies pour financer la santé des Africains, selon Tapsoba Boukary (T.B), Conseiller Technique Principal en Financement de la Santé au niveau de l’Organisation Financing Alliance for Health. Tapsoba Boukary s’est entretenu en exclusivité avec André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI), et il lui a parlé des objectifs de ce Forum. Lire l’entretien: 

T.B- Je suis basé au Sénégal à Dakar. Je travaille donc pour le Sénégal pour le compte de cette Organisation. Mais le siège de l’Organisation se trouve à Nairobi au Kenya. L’Organisation est implantée dans plusieurs pays. En Afrique, l’Organisation soutient seize pays. L’Organisation travaille beaucoup plus dans le domaine du financement de la santé avec un focus beaucoup plus sur la santé communautaire. Comment accompagner les différents gouvernements à mobiliser beaucoup de ressources pour appuyer la santé communautaire dans ces différents pays, et appuyer la santé de la reproduction maternelle et infantile et promouvoir le genre en santé communautaire. Il s’agit globalement pour l’Organisation d’accompagner les différents Etats à élaborer les politiques, les stratégies, et à les accompagner à mobiliser les ressources nécessaires pour leur mise en œuvre sur le terrain. C’est une Organisation interafricaine, basée en Afrique, dirigée par les Africains, et dont le siège se trouve au Kenya à Nairobi.

Des panélistes sur le Financement de la Santé en Afrique

ARI- Où trouvez-vous des Financements ?  

T.B. – L’Organisation s’appuie sur plusieurs sources de financement. Généralement les sources philanthropiques et du Secteur Privé pour accompagner les différents gouvernements. Par exemple, on prend une subvention de la Fondation Bill & Melinda pour accompagner les différents gouvernements dans le domaine de la santé, du genre, santé communautaire. Comment intégrer l’approche genre dans tous les documents de politiques, stratégies, dans différents pays. Nous avons également des ressources venant de la Fondation Buffet. Nous avons les financements d’autres partenaires pour accompagner les différents gouvernements dans le système de santé. Nous avons plusieurs sources de financement. L’organisation s’est agrandie depuis quelques années. 

ARI – Que pouvons-nous retenir des présentations sur le Rwanda, le Kenya et le Sénégal et qui avaient pour thème : « Des Systèmes de Santé Africains Résilients et Solides : Contributions de l’Economie et de la Politique de la Santé » ?

T.B. – Il y a eu une présentation globale dans dix-sept pays où on a montré des indicateurs qui sont mitigés dans certains pays et qui sont mauvais pour d’autres pays. Et des indicateurs qui sont plus ou moins bons pour certains pays. La discussion tournait autour de la mobilisation des ressources additionnelles pour accompagner les Ministères de Santé de différents pays afin qu’ils améliorent la santé de la population. L’idée est de voir comment mobiliser plus de ressources au niveau des gouvernements parce que l’aide extérieure est aléatoire. Ce n’est pas évident. L’USAID a coupé d’un trait les financements. Il y a un impact sur la mobilisation des ressources pour le financement de la santé. Il faut voir comment se concentrer sur les budgets de l’Etat. La Déclaration d’Abuja veut que les Etats allouent 15 % de leur budget à la santé. Les discussions ont tourné autour de cela. Comment mobiliser les ressources additionnelles pour la santé de la population?

Les discussions tournaient également sur quel est le niveau auquel les ressources doivent aller pour qu’il y ait plus d’impacts sur les indicateurs en santé, et les débats ont tourné autour des agents de santé communautaires. Comment faire pour les accompagner à donner le meilleur d’eux-mêmes pour apporter des soins de santé au profit des populations. Parce que les agents de santé sont tout près des communautés et ils connaissent les problèmes des communautés. Comme ils sont sélectionnés par la communauté, ils peuvent apporter rapidement des interventions sanitaires, soit la sensibilisation, la promotion et les soins curatifs de base. Ils peuvent beaucoup apporter avant que les cas les plus difficiles à gérer ne soient remontés au niveau des centres de santé formels. Mais au niveau de la communauté, ils peuvent gérer ces cas. Et la science a démontré que si on arrive à investir beaucoup au niveau des agents de santé communautaires, on a un retour sur investissement assez énorme. Si vous mettez un dollar comme investissement au niveau de la santé communautaire, vous avez un retour sur investissement de dix dollars. Donc la discussion au niveau de notre organisation qui a commencé ce matin a porté sur comment renforcer le système de santé en mobilisant beaucoup de ressources pour accompagner les agents de santé communautaires : Leur recrutement, leur formation, leur équipement, leur supervision, leur motivation. Dans la plupart des pays, ils ne sont pas motivés à la hauteur des attentes. Ils travaillent durement. Ils n’ont pas un statut juridique assez conséquent qui leur permet d’avoir assez de ressources pour accompagner le système de santé. 

Vue de l’atelier

ARI – Pourquoi le choix du Rwanda pour abriter cette septième session du Financement de la Santé en Afrique ? 

T.B. – La conférence sur les politiques de santé est annuelle. Sans connaître les raisons fondamentales qui ont fait qu’on ait choisi le Rwanda, il faut savoir que le Rwanda est un modèle de développement pour son système de santé communautaire et de façon globale.  Le Rwanda a fait preuve d’une certaine innovation qui inspire beaucoup de pays. En Afrique, quand on parle du Rwanda, ce pays a une bonne presse en matière de renforcement de système de santé, avec des indicateurs qui sont intéressants à voir. Au regard de la COVID-19, l’Afrique devrait mobiliser des ressources pour que les médicaments soient produits en Afrique et cela va amoindrir le coût d’importations des vaccins et médicaments.  Et le Rwanda offre de bonnes idées à tout le continent, surtout qu’il s’est doté d’une industrie de fabrication des vaccins.  

ARI – Cette Conférence compte combien de participants ? 

T.B. – La Conférence mobilise près de cinq cents participants venant de plusieurs pays africains. Et l’ouverture c’est demain. Maintenant, c’est la pré-conférence.  La Conférence s’ouvre demain à 17 heures avec une dizaine d’ateliers : Banque Mondiale, OMS, et beaucoup d’autres organisations…

ARI – Votre message important en direction des Africains…

T.B. – Il faut garder beaucoup d’espoir. Les indicateurs de santé s’améliorent pour la tuberculose, le paludisme, la santé maternelle et infantile, le VIH/Sida, etc… Il y a des acteurs qui luttent jour et nuit pour que la santé des populations africaines s’améliore et les gouvernements doivent les accompagner à travers la mobilisation des ressources publiques.  (Fin)

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