La CIRGL, CEPGL et GVTC ont signé un Accord de collaboration transfrontalière dans le landscape du Grand Virunga

Les signataires de cet Accord sont le Secrétaire Exécutif de la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL), le Prof Alphonse Ntumba Luaba, le Secrétaire Exécutif de la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs), Herman Tuyaga, et le Secrétaire Exécutif de l’agence intergouvernementale GVTC (Collaboration Transfrontalière du Grand Virunga), Dr MuambaTshibasu Georges.

« Il y a un besoin de maintenir la paix et la sécurité afin d’assurer le développement de la cette région, et de préserver aussi son environnement et ses ressources naturelles. C’est pour cela que les trois institutions  transfrontaliers signataires de l’Accord ont besoin de travailler ensemble pour éradiquer les groupes armés qui massacrent les animaux et les hommes », a indiqué le Secrétaire Exécutif de la CIRGL, le Prof Alphonse NtumbaLuaba.

Il a souligné que l’Accord signé est une collaboration qui portera des fruits et qui sollicite que tous les partenaires et la population travaillent ensemble, en synergie, pour assurer la gestion et la protection des ressources naturelles du landscape du Grand Virunga.

Pour le Secrétaire Exécutif de la CEPGL, Herman Tuyaga, « c’est un grand plaisir pour la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs) de procéder à cette signature de collaboration avec la GVTC (Collaboration Transfrontalière du Grand Virunga), afin de conjuguer nos efforts visant la protection de l’environnement dans l’espace CEPGL, et partant, pour tout le continent africain », a-t-il souligné.

Il a espéré, à travers cet Accord, trouver des réponses aux défis. Les partenaires qui ont paraphé cet Accord travailleront en synergie pour se compléter et éviter les duplications des actions.

« Je souhaite un bon succès à toutes nos actions que nous entreprendrons en commun. J’émets le vœu que nous puissions très rapidement élaborer un plan d’action ensemble pour qu’on sache résoudre nos défis énormes que nous connaissons déjà, et apporter aussi des réponses aux défis du futur », a-t-il formulé.

Tuyaga a dit que ce patrimoine du Massif du Grand Virunga qui « appartient à nos pays, y compris tout le Bassin du Lac Kivu et de la rivière Rusizi, est un patrimoine de très grande importance pour nos pays ».

Il a rappelé que les questions d’environnement sont d’une haute importance dans le monde actuel.

Tout ce qui est conçu comme développement ne peut se réaliser si l’on ne parvient pas à protéger l’environnement et la terre de manière globale. La protection de l’environnement a un coût. Et quand on ne s’y prend pas à temps, on paye un cout élevé.

Il a souligné que le Massif des Virunga renferme un patrimoine végétal de très grande importance qui abrite beaucoup d’animaux très convoités et très visités dans la région.

« Ce Massif des Virunga est aussi un réservoir d’eau qui alimente nos cours d’eau et notre Lac Kivu. Pour la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs), ceci est d’une très grande importance parce que tous nos projets en rapport avec le développement énergétique ne pourraient se réaliser s’il n’y avait de protection pour garantir le débit des cours d’eau qui se déversent dans ce Bassin du Lac Kivu. Le Lac Kivu constitue un réservoir et un potentiel énorme, très important, et que la CEPGL entend exploiter pour pourvoir  de l’électricité aux populations. Et sans électricité, qui est le moteur du développement, il n’y aura pas d’investissements dans nos régions. Dès lors le développement qu’on rêve sera simplement une utopie irréalisable », a-t-il poursuivi.

De son côté, le Secrétaire Exécutif de GVTC, Dr MuambaTshibasu Georges, a vivement remercié les deux organisations aînées que sont la CIRGL et CEPGL qui alignent de très louables réalisations.

Pour lui, l’on ne  peut réaliser le développement s’il n’y a pas paix, sécurité et une bonne gestion des enjeux environnementaux faite de manière responsable et judicieuse.

« En signant ce MOU (Mémorandum of understanding), nous venons compléter ce que vous avez inscrit dans votre programme de développement que je connais. Vous êtes un modèle de paix et de stabilité, et d’intégration régionale économique. Vous le faites là où nous, nous avons aussi la mission de préserver la riche biodiversité du Rift Albertin Central. C’est un patrimoine commun d’une valeur universelle exceptionnelle. Il est connu que ce patrimoine est considéré comme le plus grand d’Afrique. Pour le moment, il n’y en a pas d’autre à ma connaissance. Et ce patrimoine est susceptible de fournir énormément et diversement des services écosystémiques qui vont soutenir tous les efforts de développement initiés dans la région », a-t-il fait remarquer, en saluant l’initiative:

« Nous saluons donc cette dynamique qui va certainement tisser une synergie en termes de complémentarité pour que vous n’ayez pas de problèmes à vous poser au niveau des enjeux environnementaux dans la région. GVTC est entrain de développer des capacités techniques suffisamment outillées pour être en mesure de répondre à ces engagements inscrits dans le présent Protocole. Je vous remercie avec l’assurance qu’unis ensemble, nous serons en mesure d’être plus utiles en donnant des réponses réelles, solides, durables, en termes de développement dans la région », a conclu le Dr Muamba.

Tout en s’occupant des questions de paix et de sécurité, la CIRGL et CEPGL se focalisent sur les questions de développement, car ellessont un modèle de coopération et d’intégration économique en Afrique. Ce qui est quelque chose de très souhaitable. Mais les enjeux environnementaux aujourd’hui sont d’une importance universelle, on doit plus jamais l’ignorer.

« Nous travaillons à la base avec plus de deux millions d’habitants qui se retrouvent autour des aires protégées dans le landscape du Grand Virunga » – Dr Muamba

On ne peut pas ne pas compter sur eux si l’on veut réellement et durablement avoir la paix, la sécurité et le développement. C’est dans ce sens là que nous avions pensé initier cette dynamique de coopération entre les trois institutions, CIRGL, CEPGL et GVTC, de sorte que l’on puisse soutenir nos Etats dans leurs efforts de développement, et surtout de développement à la base.

« Parce que nous, on travaille à la base avec plus de deux millions d’habitants qui se retrouvent autour des aires protégées dans le landscape du Grand Virunga,là où la pauvreté se fait le plus sentir.».

Pour ce qui estdu contenu de ce MOU qui a été signé entre la CIRGL, la CEPGL et GVTC, Dr Muamba a indiqué qu’aujourd’hui, l’on ne peut penser faire le développement sans y inclure la dimension environnementale.

« Si la dimension environnementale n’est pas prise en compte, tout ce que l’on fait comme développement risque de tomber à l’eau. Puisque l’on risque d’être surpris le lendemain par les suites des erreurs commises pour n’avoir pas prévu ce qui est prévisible en matière de gestion environnementale. L’on pense ici au changement climatique qui amènera peut-être énormément d’inondation,de sécheresse,d’érosion ou des perturbations climatiques de tout genre avec incidence négative sur l’environnement, la santé, l’économie,…. Mais aussi en rapport avec le développement  des infrastructures routières, le braconnage va augmenter. Et s’il en est ainsi au niveau d’espèces animales ou végétales, c’est une perte pour nos pays et pour les populations environnantes qui tirent bénéfice des activités touristiques et des services écosystémiques. Ainsi la GVTC donnera des appuis nécessaires à la CIRGL et à la CEPGL en leur garantissant un environnement sain, stable et durablement bien géré », a expliqué le Secrétaire Exécutif de la GVTC.

Pour ce qui a trait aux actions qui seront menées conjointement ou les grands axes qui caractérisent les activités de cette coopération entre la CIRGL, la CEPGL et GVTC, Dr Muamba a confié qu’endéans trois mois, les experts vont se mettre ensemble pour finaliser un plan d’action réaliste, et il est urgent de le faire.

« Nous allons développer un plan d’action réaliste avec des objectifs clairs et des indicateurs mesurables en ayant à l’esprit que  le tout va se résumer à l’impact réel sur la conservation des écosystèmes et sur la vie des populations environnantes », a-t-il précisé, en poursuivant :

« Le travail d’accompagnement que nous allons faire se profile dans les efforts de nos trois Etats, auquel pourrait s’ajouter  demain le Burundi, pour leur donner des facilités d’avantages à mettre en œuvre leurs plans de développement, qui sont en fait des plans cohérents. La population travaillera en partenariat avec la GVTC dans la mise en œuvre de tout ce qui est stratégies, plans d’action, etc. »,

Il ajouté : « Tout le travail que nous faisons est au profit de la population et s’inscrit dans l’effort trouver de solutions aux besoins de développement de ces populations, mais en même temps cette même population cogère tout ce que nous faisons ensemble avec d’autres partenaires. Le patrimoine géré par la GVTC est universel. Raison pour laquelle GVTC bénéficie à la fois du soutien des trois pays qui l’ont créée et de celui de la communauté internationale ».

Les trois pays fondateurs de GVTC sont en effet signataires de plusieurs conventions internationales (Convention sur la diversité biologique,  sur le Patrimoine mondial, Convention de Ramsar, etc.). Dans ces conventions, il est stipulé le devoir de ces Etats de mettre en œuvre quelque chose de fondamental en rapport avec ce que GVTC est entrain de préserver.

« Mais il y a aussi les obligations de la communauté internationale, puisque ce que nous conservons est un patrimoine d’une valeur universelle exceptionnelle, donc internationale. Il appartient donc à nos Etats de formuler les besoins vis-à-vis de la communauté internationale et de créer un environnement propice à l’investissement, et j’en suis sûr, nous aurons des moyens aussi bien techniques, logistiques que financiers pour faire un travail utile », a dit le Secrétaire Exécutif de GVTC.

Greater Virunga : Un patrimoine universel qui interpelle la communauté internationale à assumer sa responsabilité en apportant son soutien

Il rappelé que déjà aujourd’hui, GVTC vit grâce aux appuis de la communauté internationale, puisque « nous sommes soutenus par la Norvège, la Hollande. Hier aussi GVTC était soutenue aussi soutenue par des privés. Les gens suivent donc ce que nous sommes entrain de faire et puisque ce que nous avons à protéger durablement est très importants pour l’intérêt de l’humaniste entière, c’est certain, il suffit de bien  demander à la communauté internationale qui assumera ses responsabilités et nous espérons que demain les grandes institutions financières telles la BM, la BAD, le GEF … feront écho à notre cri d’alarme», a relevé Dr Muamba, qui a confié :

« Nous avons en illustration le Parc National des Virunga qui bénéficie manifestement des appuis internationaux. Donc, on va étendre cette dynamique à l’ensemble du landscape du Grand Virunga ; ça, c’est mon projet. Et je vais l’exécuter dès l’année prochaine en commençant par une grande conférence internationale sur le landscape du Grand Virunga».

Toujours selon Dr Muamba, GVTC est un mécanisme de collaboration transfrontalière stratégique qui permet que l’ensemble des partenaires dans le landscape qui est le grand Virunga prenne conscience de leurs obligations de gérer d’une manière judicieuse et durable ces ressources naturelles qui sont pourvoyeuses des services écosystémiques d’une très grande valeur et sur le très long terme.

« Et nous le faisons avec les appuis des Etats, puisque c’est une initiative des Gouvernements. Mais nous devons aussi nous appuyer sur la communauté internationale puisque les défis sont énormes. Nous avons besoin de plus d’appuis pour exécuter cette mission. C’est une mission essentiellement de coordination des efforts de gestion durable et de valorisation des ressources naturelles dans le Grand Virunga au profit de nos populations d’abord, et de l’humanité ensuite », a dit le Secrétaire Exécutif de la GVTC.

En définitive, pour lui, GVTC est une plateforme pour la réflexion et la réalisation d’un meilleur modèle de développement en Afrique à travers une meilleure gestion de la conservation et de la coopération régionale. (Fin)