Antony Blinken et Joe Biden
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, désapprouve une déclaration américaine qui met sur le même plan le groupe armé congolais M23 et les génocidaires rwandais FDLR.
Le Bureau des affaires africaines des États-Unis condamne dans les mêmes termes les deux groupes armés basés dans l’Est de la RDC dans un communiqué sorti ce 16 janvier 2025, qui a indiqué que “les problèmes causés par le M23 et les FDLR doivent être résolus de manière urgente.”
Le communiqué renvoie dos-à-dos le M23, qui se positionne comme le bouclier de la communauté tutsi congolaise, et les génocidaires FDLR qui entretiennent une idéologie de haine et des violences anti-Tutsi en RDC après que ses principaux éléments aient participé au génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 tuant plus d’un million d’innocents.
En réaction, le ministre Olivier Nduhungirehe a souligné que les Etats-Unis ne devraient pas comparer les génocidaires FDLR et le M23 qui se bat pour protéger de l’extermination des membres de la minorité Tutsi qui sont pris pour cible depuis plus de trois décennies à cause de leur morphologie, y compris dans le cadre de la campagne anti-M23 en cours.
“Cette narrative d’équivalence entre les ‘menaces du M23 et des FDLR’ est inappropriée”, a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’il “est même offensant pour l’administration américaine sortante de comparer une force génocidaire à un mouvement qui défend une communauté menacée et persécutée par la même force génocidaire.”.
Le ministre rwandais a également rappelé l’inaction des États-Unis face à des violences génocidaires antérieures. “Je me souviens que lorsque 300 maisons de Tutsis congolais ont été incendiées en octobre 2023 dans le village de Nturo, territoire de Masisi, par les FDLR, les Wazalendo et les milices Nyatura, en présence des FARDC(Forces Armées de la RDC) et des forces burundaises, aucune déclaration ou tweet des autorités américaines n’a été fait”, a-t-il affirmé.
L’homme d’Etat rwandais a conclu en appelant les États-Unis et la communauté internationale à “se concentrer sur les causes profondes de la crise dans l’Est de la RDC” plutôt que de “recycler des formules inadaptées”.
La rébellion du M23 a resurgi en 2022 après dix ans d’exil de ses dirigeants et de mise en sommeil du mouvement, et après 14 mois de négociations officieuses et infructueuses avec le régime au pouvoir à Kinshasa qui mènent des opérations de combat massives au Nord-Kivu qui visent à expulser le M23 et les civils Tutsi congolais vers les pays voisins en travaillant de concert avec les génocidaires FDLR.
Le M23 se bat principalement pour le retour dans leur pays de leurs proches qui croupissent dans des camps de réfugiés au Rwanda, en Ouganda et ailleurs dans la région après qu’ils aient fui la purification ethnique dont ils sont victimes en RDC où ils sont assimilés à des Rwandais qui doivent rentrer au Rwanda.
La résurgence du M23 est au cœur des tensions entre le Rwanda et la RDC. La crise est liée à l’offensive des membres du Mouvement du 23 Mars (M23), que le Congo accuse le Rwanda de soutenir.
Le Rwanda a également accusé la RDC de soutenir le groupe paramilitaire FDLR(Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) qui est composé des auteurs du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Le Congo et le Rwanda nient soutenir respectivement les FDLR et le M23.
Pour avoir assimilé les Tutsi et le M23 au Rwanda, la RDC a battu une grande coalition militaire composée de l’armée nationale congolaise (FARDC), les génocidaires rwandais FDLR (et leur prolongement en RDC, Nyatura), les milices anti-Tutsi appelées “Wazalendo” largement identifiées comme diffusant une rhétorique anti-rwandophone, l’armée burundaise, plus de 2000 mercenaires européens engagés par le gouvernement de la RDC depuis 2022, et une force régionale de la SADC composée du Malawi, de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie.
Ces forces sont déployées dans l’Est de la RDC aux côtés de l’armée congolaise dans un contexte des menaces permanentes des dirigeants politiques et civils de la RDC, y compris les Présidents congolais Félix Tshisekedi et burundais Evariste Ndayishimiye, de procéder à un changement de régime au Rwanda. (Fin)