Les parents de Claude Ishimwe, qui habitent le centre commercial de Nyagasambu à une cinquantaine de Kilomètres de Kigali à l'est du pays, estiment que le plus dur est peut-être passé mais les séquelles de la malaria sur leur fils leur rappellent toujours qu'il faut veiller à amener les enfants à l'hôpital pour recevoir un traitement efficace dès la moindre apparition des symptômes de la malaria.
A l’âge de 10 ans, Ishimwe qui était en quatrième année primaire, passe aujourd’hui la journée au côté de sa maman, suite à des épisodes récurrents de paludisme qui l’ont contraint à quitter définitivement l’école pour s’atteler à des travaux domestiques.
“J’ai compris désormais qu’il faut aller consulter le médecin à l’hôpital pour recevoir un traitement efficace contre le paludisme. La plupart des habitants du village ne font recours qu’aux médicaments traditionnels en cas d’une éventuelle contamination”, témoigne la mère d’Ishimwe.
Un faible taux de prise en charge médical
Des recherches menées antérieurement au Rwanda comme par ailleurs dans d’autres pays de la sous-région des Grands Lacs, ont montré que la majorité des décès dus au paludisme pendant l’enfance s’expliquent notamment par l’administration trop tardive d’un traitement antipaludique efficace.
Selon le Programme National de Lutte contre le Paludisme et la Tuberculose (PNLP), ce faible taux de prise en charge contre la malaria au Rwanda est dû à plusieurs obstacles là où la majorité des malades préfèrent d’abord se faire soigner avec des médicaments achetés localement dans les boutiques ou à un vendeur local.
Certes en 2008, l’incidence du paludisme en terme du taux de mortalité dans l’ensemble de la population est passée de 51% des cas en 2000 à 37,7 en 2006 soit 3.2 millions de personnes contaminées par la malaria”, souligne le PNLP dans un rapport officiel rendu public en 2008.
Cette baisse est le résultat des efforts déployés par le gouvernement et ses partenaires dans la lutte contre cette maladie endémique au Rwanda, selon la même source
Selon le Dr. Corine Karema, coordinatrice du PNLP, l’utilisation d’une variété synthétique de quinine appelée chloroquine ou amodiaquine qui étaient généralisées auparavant notamment pour leurs effets curatifs ont été désormais substituées à un autre type de traitement antipaludique dit « coarteme ».
« La chloroquine a été longtemps utilisée au Rwanda mais à la suite d’une mutation, les souches de parasite du paludisme sont devenues plus résistantes dans certaines régions dont le Rwanda », affirme-t-elle.
Un coût de traitement élevé
Des données préliminaires provenant d’études réalisées déjà par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont ainsi montré que si on mettait en œuvre des mesures de prévention tout en les adaptant aux situations locales où le paludisme est endémique, elles pourraient réduire considérablement la morbidité et la mortalité dues au paludisme
Selon des spécialistes, l’usage de moustiquaires imprégnées avec un insecticide reste la seule option recommandée, car cette méthode réduisait de 20 % la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, quelle qu’en soit la cause.
Certes, pour le Rwanda ainsi que d’autres pays africains, les experts estiment qu’une des grandes difficultés consiste aujourd’hui à trouver les ressources suffisantes pour financer les traitements combinés dont le coût est beaucoup plus élevé.
“Les prix des médicaments occupe une place importante dans les demandes de subventions adressées par les pays au Fonds mondial pour le VIH, la tuberculose et le paludisme”, observent les spécialistes qui déplorent certes que les populations pauvres sont de plus en plus vulnérables tant qu’elles ne disposent pas de moyens pour se payer un tel traitement.
En l’an 2008, le ministère de la santé a déjà notifié dans tous les 143 centres de santé et hôpitaux du pays, quelques 2.781 cas de paludisme présumé et 2.580 cas de paludisme confirmé avec 1 décès dans la province est du pays.
« Certes, les prix onéreux de nouveaux médicament est l’une des causes qui poussent certaines communautés pauvres à recourir au traitement prescrits par des médecins », déplore pour sa part Jean Paul Mubashankwaya, un pharmacien basé à Kigali.
« Suite à des moyens financiers limités, la plupart des communautés pauvres rurales préfèrent consulter des médecins traditionnels et non agréés par l’Etat», dénonce Mubashankwaya.
“Il faut toujours connaître la couche de la population qui est la principale cible du paludisme et ses effets”, affirme-t-il.
Mais cette allégation est contredite par Richard Sezibera, ministre rwandais de la santé qui prône pour l’adhésion aux mutuelles de santé afin que toutes les couches de la population puissent bénéficier d’un traitement médical moins coûteux.
“Le budget du Rwanda ne permet pas d’assurer complètement les frais médicaux pour toute la population, mais l’adhésion aux mutuelles de santé peut servir d’une autre voie de sortie à cette situation”, explique le Dr. Sezibera.
En dehors des recherches supplémentaires en cours pour déterminer si des résultats de cette campagne de solidarité sociale dans l’assurance maladie au Rwanda pourront connaître un succès, l’OMS estime que les essaies cliniques dans l’utilisation du Programme Elargi de Vaccination contre la malaria constitue une autre base solide pour mener à bien un certain nombre d’interventions à savoir les médicaments antipaludiques, la vitamine A, les suppléments de fer, ainsi que les moustiquaires imprégnées. (Fin)