La fiancée entre la première. Puis elle sort avec une infirmière pour se diriger au laboratoire situé derrière la salle de réception.
Calme et serein, Inkindi attend son tour. Pas de panique. Il a été un soldat au sein des groupes armés en RDC. Il est déjà préparé pour accepter le verdict du destin, quel que soit-il. Il a tardé à se marier parce qu’il a passé treize ans dans les forêts de la RDC. Il a terminé quatre ans post secondaire.
Rentré au pays, il a été démobilisé en 2009. Et il a décidé de s’unir à sa belle. Mais d’abord vite le test au VIH/Sida. C’est l’habitude de la population de Gahini en âge de fonder un foyer.
L’hôpital compte seize enfants sous ARV dans le service de pédiatrie. Les adultes sous ARV sont 285 dont 199 femmes et 86 hommes.
« Les ARV ont sensiblement réduit les décès et beaucoup de gens acceptent de se soumettre au test volontaire du VIH/Sida », indique l’infirmière Géraldine Mukesharurema, responsable du Service des ARV à l’hôpital de Gahini.
Elle dit ainsi aux journalistes de Pomean/Rwanda en déplacement à l’Est. Le réseau Pomean (Population Medias Advocacy Network) est composé par des journalistes qui font le plaidoyer sur les questions de population.
Il travaille en partenariat avec l’agence onusienne en charge de la population UNFPA, le Ministère de la Santé et celui des Finances et Planification.
En 2008, à l’Est, le test volontaire s’est étendu aux écoles secondaires proches de Kayonza et Gahini. Sur les 142 élèves de l’école secondaire de Kayonza, trois ont été séropositifs. Au groupe scolaire de Gahini, quatre sur 68 ont été testés infectés.
A l’hôpital de Gahini, 25 personnes en moyenne subissent le test volontaire au VIH/Sida. L’infection varie entre une personne et trois. Sauf que des fois comme en juin 2009, cinq personnes ont été examinées séropositives.
« Actuellement, suite à des jeunes ouvriers venus de Kigali et affectés à la construction de l’école FAWE de Gahini, les tests affichent une nette augmentation des infections au VIH/Sida », dit-elle.
Abordant le problème de la planification familiale, le directeur adjoint de l’hôpital de Gahini, Dr Valentin Kahemba, note qu’à Gahini, on compte en moyenne quatre enfants par couple.
«Pour ce qui est de la décision d’adopter deux enfants par couple, certains couples sont prêts à accepter la mesure », poursuit-il.
Certains couples montrent une résistance, surtout quand ils n’ont pas encore des enfants des deux sexes.
« La tendance est de chercher un autre sexe jusqu’au troisième enfant. Et avec des essais, on se retrouve avec cinq enfants », explique le médecin Kahemba.
Certains couples comme ceux des enseignants acceptent la décision de deux enfants par couple. Mais la tendance générale n’est pas d’avoir deux enfants, mais trois. L’on doit noter que le facteur d’instruction entre en jeu. Avec le temps et les conseils dispensés, les gens finiront par s’approprier la mesure.
Le grand handicap est qu’une bonne partie de la population n’a pas compris les objectifs de la Vision 2020. Et pourtant un service de planification familiale attaché à la maternité reste opérationnel.
« Nous avons six autres centres de santé respectivement à Mukarange, Nyakabanda, Rukara, Byamanyoni, Gahini, et Kageyo. Ainsi qu’un poste de santé à Buhabwa », indique Dr Kahemba.
La circonscription sanitaire de Gahini dispose de trois sites de stratégies avancées à Rukara, Kawangire et Rwimishinya. C’est-à-dire que les responsables de santé se déplacent de l’hôpital pour aller près de la population.
Le directeur adjoint de l’hôpital signale que jusqu’à présent, il a procédé à quatre cas de vasectomie depuis les trois ans et demi qu’il est affecté Gahini. Son collègue sud-africain en a réalisé trois. Soit un total de sept cas.
«Nous détenons des connaissances techniques pour procéder à la vasectomie. Mais nous avons besoin de matériel pour procéder à cette opération », regrette Dr Kahemba, en rappelant une série de services modernes de planification familiale qu’il a délivrés à des femmes.
Certaines préfèrent, selon lui, la ligature des trompes, notamment les séropositives, surtout lors de l’opération par la césarienne. D’autres moins nombreuses se soumettent au dispositif intra-utérine (diu) ou au norplan.
« J’ai déjà inséré trois diu dans cet hôpital », se remémore le médecin Kahemba qui informe que l’institution dispose d’infirmiers (ères) formé(e)s en planification familiale qui effectuent des descentes sur des sites aux stratégies avancées.
Pour ce qui est de la mortalité infantile, elle est de 0,1 par mois. A la fin du deuxième semestre de 2009, cent enfants sont nés par mois. Les cas de mort-nés résultent du retard de transfert à l’hôpital.
L’on doit déplorer que les mères aient l’habitude de prendre beaucoup de médicaments indigènes et qui ont un effet néfaste sur le fœtus.
Dr Kahemba s’est réjoui que depuis janvier 2009, l’hôpital de Gahini n’a connu aucun cas d’une maman morte suite à l’accouchement.
Le médecin a relevé quelques cas d’accouchement à domicile qui se sont accompagnés de saignements et de complications. Il signale un taux élevé d’adhésion aux mutuelles de santé. Ce qui permet des consultations prénatales pour les mères enceintes.
Bien plus, les centres de santé travaillent avec les agents communautaires. Ceux-ci apportent leur appui dans la lutte contre la tuberculose. Ce sont eux qui administrent le traitement quotidien. L’on évite ainsi la multirésistance par une prise correcte et quotidienne et régulière de médicaments.
Besoins de l’hôpital de Gahini
L’hôpital de Gahini est doté de deux ambulances en bon état dont celui qu’il a reçu récemment comme un don de l’agence onusienne en charge de la population. Tandis que la troisième ambulance est entièrement déclassée.
Dr Kahemba souligne que l’hôpital a encore besoin d’une ambulance. Il cite d’autres besoins comme une seconde table chauffante (sur laquelle l’on met le nouveau-né pour éviter l’hypothermie) pour la maternité, d’un appareil d’oxygène et des aspirateurs électriques.
L’extension des locaux de l’hôpital est nécessaire pour résoudre le problème des femmes qui dorment par terre dans le service de gynécologie et obstétrique. D’autres besoins concernent l’équipement en matériel de planification familiale comme le matériel pour la vasectomie
Le personnel infirmier est aussi insuffisant. L’hôpital de Gahini compte huit médecins tous généralistes, sauf un seul spécialisé en santé publique, ainsi que 45 infirmiers.
Il est doté de 56 lits dont 33 étaient tous occupés au moment du passage des journalistes de Pomean. Un médecin spécialiste en orthopédie, Dr Linganwa, effectue souvent une descente sur les lieux.
Les maladies les plus fréquentes à Gahini sont le paludisme aigu, de forme cérébrale, avec convulsions et anémie, ainsi que les maladies respiratoires, surtout chez les enfants. Il y a aussi les maladies diarrhéiques et quelques cas de kwashiorkor.