Kigali: «Avec cette plate-forme, nous avons la possibilité d’atteindre entre 600 millions et 800 millions d’abonnés mobiles en Afrique », déclare Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), lors du lancement virtuel de la Plate-forme africaine de communication et d’information pour la santé et l’action économique (ACIP), le 23 juin 2020.
L’ACIP est un outil mobile pour l’information et la communication à double sens entre les citoyens et les gouvernements. Il fournit aux groupes de travail nationaux et régionaux sur le COVID des données d’enquête générées par les utilisateurs et des informations sanitaires et économiques exploitables qui permettront aux autorités de mieux analyser les problèmes liés à la pandémie et de mettre en œuvre des réponses appropriées.
Dr John Nkengasong, Directeur du CDC-Afrique, indique que la plate-forme offre « une opportunité unique de changer la façon dont nous menons la surveillance des maladies, d’améliorer notre capacité à acquérir de bonnes données en temps opportun et de s’assurer que tous les Africains comptent ».
Le lancement a été présidé par le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, qui salue l’initiative et note qu’elle « répond aux demandes d’assistance des États membres pour la collecte et le traitement des données essentielles pour répondre efficacement au COVID-19 ».
Le Président de Guinée, Alpha Condé s’engage à « convaincre les 55 États membres de l’UA d’adhérer à cette initiative (ACIP) ». Il dit que les incertitudes entourant le COVID-19 incitent fortement l’Afrique à embrasser rapidement la quatrième révolution industrielle, garantissant un meilleur accès à Internet et à un prix abordable.
Mme Songwe déplore également la question de l’accès à Internet et à un prix abordable en Afrique, déclarant : « Dans une période de pandémie et de crise économique, il est encore plus difficile pour les gens de dépenser le peu de ressources dont ils disposent pour s’offrir un accès ».
La bonne nouvelle, cependant, c’est que pendant que la CEA travaille avec des parties prenantes clés pour résoudre le problème de l’accès à Internet, de sa fiabilité et des coûts, l’ACIP peut déjà atteindre plus de 80% des utilisateurs de téléphones mobiles en Afrique sans que les coûts habituels ne leur soient imposés.
« En tant qu’opérateurs, nous pouvons renoncer aux frais de Données de services supplémentaires non structurées (USSD) car il est probable que de nombreuses personnes aux prises avec la pandémie dans certaines zones rurales ne disposent pas de temps de communication », affirme Robert Shuter, PDG de MTN. Il déclare que le caractère unique de l’initiative ACIP incite MTN et ses « concurrents à convenir qu’il s’agit d’un domaine de collaboration et de coopération ».
M. Shuter précise que la technologie peut être utilisée sur n’importe quel téléphone portable ou appareil et que la plate-forme « présente un menu très simple aux utilisateurs et nous permet de collecter des informations très importantes que les décideurs politiques peuvent utiliser pour identifier et localiser les problèmes et les zones sensibles ».
Les ministres africains en charge des TIC qui participent également au lancement, exhortent les parties prenantes à garantir qu’il y ait des synergies entre l’ACIP et les efforts fournis dans le domaine de la technologie numérique pour lutter contre le COVID-19 au niveau national.
Le Secrétaire général de l’UIT, Houlin Zhao, appelle les régulateurs africains et les ministres des TIC à « soutenir cette nouvelle plate-forme ». Il déclare que l’intelligence artificielle et les méga données sont au cœur de l’ACIP et que le soutien des régulateurs des télécommunications de chaque pays est « absolument nécessaire ».
Trente-six États membres africains ont déjà adhéré à l’initiative. La plate-forme permettra également aux groupes de travail sur le COVID de déployer des ressources sanitaires et économiques pour atténuer les effets de la pandémie.
Boutheina Guermazi, qui dirige la Pratique mondiale du développement numérique, de la Banque mondiale, se déclare réconfortée de voir « la rapidité avec laquelle l’Afrique a réagi pour créer cette plate-forme », réunissant les principales parties prenantes du continent pour tirer parti de l’analyse mobile des méga données.
« Nous savons que des informations précises et à jour sur les modèles de mobilité agrégés anonymisés pourraient clairement être utilisées pour surveiller, prévoir les épidémies et planifier les activités à l’avenir », dit-elle.
Lacina Kone, PDG de Smart Africa, décrit l’ACIP comme « l’une des initiatives numériques qui, selon nous, transformera l’Afrique ». Il félicite la CEA pour son rôle d’avoir mobilisé les principaux opérateurs mobiles, régulateurs et gouvernements africains sur une plate-forme unique.
« L’année 2020 devra être une année où nous adoptons et accélérons la collaboration grâce à la transformation numérique. Elle devra entrer dans l’histoire comme une période charnière pour l’Afrique d’un point de vue technologique, sanitaire et économique », déclare M. Kone.
Mme Songwe exhorte les jeunes africains à « travailler avec nous » pour concevoir des systèmes et des plates-formes d’intelligence artificielle qui peuvent être sélectionnés pour obtenir de meilleures données et aider à identifier et « garantir que le secteur informel fasse partie intégrante d’un tissu économique actif de notre continent ».
Elle remercie l’UIT, Smart Africa, l’Union africaine, la Banque mondiale, l’OMS, MTN, Orange, Safaricom, Vodacom, Airtel et toutes les parties prenantes pour leur contribution au projet. (Fin)