
Les présidents burundais Évariste Ndayishimiye(à gauche) et rwandais Paul Kagame
Les renseignements civils et militaires burundais et rwandais se sont rencontrés ce lundi au chef-lieu de la province Kirundo (nord du Burundi), non loin de la frontière-Est du Rwanda.
Cette rencontre, qui s’est tenue à huis clos, a commencé vers 10h du matin pour s’achever à 16h, selon des sources locales contactées par le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information.
Cette rencontre est perçue comme une lueur d’espoir, alors que des sources proches de l’affaire disent que parmi les points à l’ordre du jour figuraient la question de la réouverture des frontières entre les deux sœurs nations de la région des Grands-Lacs d’Afrique, fermées depuis janvier 2024.
La réunion s’est déroulée à l’hôtel « Royal North Hotel », situé dans le quartier Rupfunda au chef-lieu de province, le long de la route qui mène vers le Rwanda.
« Tout au long de la route menant au lieu de rencontre, l’accès était bloqué, tandis que des militaires et policiers des deux pays assuraient la sécurité de l’événement », ont rapporté à SOS Médias Burundi des résidents de Kirundo qui n’ont pas pu s’approcher pour voir les responsables burundais et rwandais des services de renseignements qui étaient présents à la réunion.
Un enjeu majeur : la réouverture des frontières
D’après diverses sources, cette rencontre a réuni les chefs des services nationaux des renseignements du Rwanda et du Burundi, ainsi que les responsables du renseignement au sein des forces de défense des deux nations.
L’objectif principal de cette réunion était de trouver une solution pour rouvrir les frontières, fermées du côté burundais depuis janvier 2024, les autorités burundaises accusant le Rwanda d’entretenir des groupes armés qui veulent déstabiliser le territoire burundais.
Le Burundi insiste sur le rapatriement des putschistes de 2015, exilés au Rwanda après leur tentative de coup d’État du Printemps 2015. Cette exigence, déjà exprimée par l’ancien président Pierre Nkurunziza et reprise par son successeur Évariste Ndayishimiye depuis son accession au pouvoir anticipée en juin 2020 suite à la mort inopinée de Nkurunziza, est restée sans réponse, alimentant des tensions persistantes entre les deux pays.
Une attente forte de la population
Les habitants de la province de Kirundo, informés de la tenue de cette rencontre, espèrent une issue favorable. La majorité de ceux qui se sont confiés à SOS Médias Burundi, souhaitent la réouverture des frontières, notamment pour faciliter les échanges commerciaux et les déplacements.
Cette rencontre, qui fait suite à une première tenue au Rwanda il y a deux semaines, est perçue comme une lueur d’espoir.
Des accusations réciproques entre Kigali et Gitega
Outre les tensions liées à la tentative de coup d’État de 2015, le Rwanda accuse le Burundi de faciliter l’entrée des combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sur son territoire, y compris au sein des forces de police et de l’armée burundaise.
Selon Kigali, ces groupes se prépareraient à une offensive contre le Rwanda dans l’objectif d’un retour forcé.
Récemment, le président rwandais Paul Kagame a d’ailleurs accusé l’armée burundaise de collaborer avec les génocidaires Hutus-FDLR dans la guerre contre le M23, un groupe armé qui défend les droits des Tutsis en RDC. Ce dernier reçoit un appui du Rwanda, selon des experts de l’ONU que le gouvernement rwandais qualifie de « menteurs ».
Le Burundi a envoyé 10.000 militaires pour appuyer les FARDC ( Forces Armées de la RDC) et leurs milices alliées dans la guerre contre le M23 qui contrôle désormais les chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu dans l’est du Congo et des frontières avec l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
Fin février dernier, le président burundais Évariste Ndayishimiye a dit à des diplomates dans la capitale politique Gitega que « la résolution de la crise congolaise passera par le retrait de toutes les forces armées étrangères non invitées » et « le démantèlement de tous les groupes armés étrangers et locaux, y compris les FDLR ».
Quelques jours avant, il avait accusé son homologue rwandais Paul Kagame de « déstabiliser la région et de planifier des attaques militaires contre le Burundi », dans une rencontre différente avec des diplomates dans la ville commerciale Bujumbura où sont concentrées les agences des Nations-Unies et l’administration centrale.
Vers une normalisation des relations
Alors que les tensions persistent, cette rencontre pourrait marquer un tournant dans la coopération entre les deux sœurs nations de la région des Grands-Lacs d’Afrique.
Leurs populations attendent avec impatience le résultat de ce dialogue, espérant qu’il permettra d’apaiser les tensions et de rouvrir les frontières pour favoriser les relations économiques et humaines entre ces deux pays voisins. (Fin)