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À l’entame du 38e sommet annuel de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le chef de l’ONU a appelé, samedi, à mettre fin à la flambée des combats en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan, deux conflits qui font selon lui peser une menace imminente sur la stabilité de tout le continent africain.
Le rendez-vous annuel de l’UA, qui rassemblait ce weekend les chefs d’État et de gouvernement des 55 pays de l’organisation panafricaine pour une durée de deux jours dans la capitale éthiopienne, s’est ouvert alors que les combats respectifs en RDC et au Soudan sont en pleine recrudescence.
Dans un discours prononcé lors de la première journée, au cours de laquelle les rênes de la présidence tournante de l’UA ont été confiées au président angolais, Joao Lourenço, pour une durée d’un an, le Secrétaire général de l’ONU n’a pas mâché ses mots quant à l’urgence de la crise en RDC.
« Le peuple congolais subit – une fois de plus – un cycle brutal de violence », a déclaré António Guterres au siège de l’organisation.
Depuis le début de l’année, les rebelles du Mouvement du 23 mars ont réalisé une percée face à l’armée régulière du gouvernement de Kinshasa dans la région du lac Kivu, à l’est de la RDC.
Après Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, tombé entre les mains du M23 à la fin du mois de janvier, le groupe armé gagne désormais du terrain dans la province voisine du Sud-Kivu, en direction de son chef-lieu Bukavu.
« Les combats qui font rage dans le Sud-Kivu, en raison de la poursuite de l’offensive du M23, menacent de précipiter toute la région dans le gouffre », s’est inquiété M. Guterres.
Éviter l’escalade régionale
« L’escalade régionale doit être évitée à tout prix », a insisté le Secrétaire général à Addis-Abeba.
Tout en appelant au respect de l’intégrité territoriale de la RDC, M. Guterres a estimé que seul le dialogue permettrait de sortir de l’impasse actuelle.
Relance des processus de Luanda et de Nairobi
Lors d’une conférence de presse dans la foulée de son discours, M. Guterres a rappelé l’importance des conclusions du sommet conjoint de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), organisé le 8 février en Tanzanie.
A cette occasion, les membres des deux groupes régionaux ont appelé à un cessez-le-feu immédiat en RDC et à la relance des efforts régionaux fondés sur de processus de Luanda, principal cadre de négociation entre Kinshasa et Kigali, et le processus Nairobi, centré sur la résolution du conflit à l’intérieur de la RDC.
Le chef de l’ONU a également indiqué qu’il avait participé, vendredi, à une session extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité de l’UA dans la capitale éthiopienne.
« Nous nous sommes concentrés sur les crises au Soudan et en République démocratique du Congo », a-t-il confié.
Escalade au Soudan
M. Guterres a par ailleurs déploré la flambée de violence actuelle au Soudan, où, depuis avril 2023, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) sont en guerre contre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, au pouvoir de facto suite au putsch d’octobre 2021 dans le pays.
« Le Soudan est en train de se déchirer sous nos yeux et connaît aujourd’hui la plus grande crise de déplacement et de famine au monde », a rappelé le Secrétaire général lors de son discours.
Près de deux ans de guerre civile dans cette nation du nord-est de l’Afrique ont fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 12 millions de personnes, dont plus 3,5 millions qui ont franchi les frontières avec les pays voisins.
Le Soudan est également devenu le seul pays au monde à être officiellement frappé de famine.
Appel à une trêve pour le Ramadan
À l’approche du mois sacré du Ramadan, M. Guterres a appelé à une cessation immédiate des hostilités.
Il a également demandé à la communauté internationale de s’unir pour mettre fin à l’afflux d’armes et au financement des combats.
Rentrant dans le détail des maux traversés par le pays lors de sa conférence de presse, le chef de l’ONU a déploré les rapports quotidiens « horribles » faisant état de meurtres de civils, de violations des droits de l’homme et de violences sexuelles.
« Les discours de haine et les attaques à motivation ethnique sont en hausse », a-t-il ajouté. « Et l’économie est en chute libre ».
M. Guterres s’est également inquiété du fait que l’augmentation du flux d’armes et des combats déstabilisent l’ensemble de la région.
« Le peuple soudanais a besoin d’une voie claire pour sortir de ce cauchemar », a-t-il déclaré. « Et le monde a besoin d’un Soudan stable et pacifique ». (Fin)