Trois ans après le retour du Maroc à l’Union Africaine Par Khalid Cherkaoui Semmouni , Directeur du CREPS

Par Cherkaoui Semmouni , Directeur du Khalid CREPS;

Kigali: Il y a à peu près 3 ans que le Royaume du Maroc a retourné est l’Union Africaine. Ce retour qui a jeté les fondements d’une coopération Sud-Sud solidaire et mutuellement bénéfique, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a été qualifié comme un grand succès diplomatique pour le Royaume, lui permettant de jouer un rôle important dans le continent africain, et de renforcer sa présence sur le plan politique, économique, culturel et sécuritaire.

Sur le Plan politique, l’Afrique est désormais érigée en priorité stratégique de l’agenda marocain, comme en témoignent les multiples initiatives de solidarité destinées aux pays du continent dans les différents domaines et les visites successives effectuées par SM le Roi Mohammed VI aux pays africains.

Aussi, le Maroc est un point de liaison entre l’Union Africaine et l’Union Européenne, ce qui lui permet de jouer un rôle important dans le traitement de plusieurs questions, comme l’immigration illégale, et de s’impliquer dans les initiatives portant sur la région du Sahel et du Sahara.

Bien plus, le Maroc a renforcé sa présence au niveau du continent grâce à sa diplomatie qui a réussi à convaincre plusieurs pays africains de l’intérieur de l’UA de sa position légitime vis-à-vis de la question du Sahara Marocain, et de faire entendre sa voix au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’UA dont il a été élu membre en janvier 2018 pour un mandat de deux ans. Cette élection a insufflé une nouvelle dynamique à cet organe stratégique de l’UA, et a concrétisé la vision royale de l’action africaine commune en matière de paix et de sécurité, condition indispensable pour un développement durable du Continent africain.

Sur le plan économique, le Maroc est devenu un acteur clé dans l’intégration économique du continent africain, et aussi un acteur de premier plan en Afrique grâce à l’augmentation du volume de ses investissements dans plusieurs pays d’Afrique, et la croissance importante du volume de ses exportations vers les pays du continent durant ces dernières années, ce qui lui a permis de devenir le premier investisseur arabe en Afrique de l’Ouest et le deuxième dans le continent après l’Afrique du Sud, et que la plupart de ses investissements sont concentrés dans les secteurs bancaire, des assurances, de la finance, des entreprises de téléphonie mobile et de l’immobilier.

Rappelant que les tournées du Roi Mohamed VI, dans nombre de pays africains ont permis, à travers les accords de coopération et d’investissements signés, de renforcer le rôle de locomotive économique que joue le Maroc sur le continent, et notamment en Afrique de l’Ouest, d’impulser et de suivre l’évolution et le développement des projets lancés et des accords signés. Sans oublier, les actions entreprises par SM le Roi Mohammed VI pour l’intégration de l’économie marocaine en Afrique et le renforcement des investissements destinés à l’Afrique.

Par ailleurs, le Royaume a une importante expérience à partager avec les pays africains, notamment en matière d’énergies renouvelables qui constitue un levier de croissance inclusive et dans laquelle le Maroc s’impose en tant que « leader incontesté du contient ».

Sur le plan culturel, le Maroc diffuse auprès des institutions des pays africains, le savoir-faire marocain et partage ses expériences dans les domaines de la formation professionnelle, l’éducation, la santé, les activités agricoles et la gestion de l’eau. Cette stratégie de partage des connaissances et de diffusion de l’expertise marocaine, permet donc, de former et de renforcer les capacités des administrations dans les pays d’Afrique.

Aussi, le Maroc soutient nombre de pays africains pour l’éradication du fléau du terrorisme qui devient un danger menaçant le continent tout entier, notamment l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le Sahara, en raison de la recrudescence des activités des groupe terroristes, vient en tête le groupe “Boko Haram”.

A cet égard, je cite par exemple le rôle majeur joué par l’Institut Mohammed VI de formation des imams, destiné pour la formation des imams africains et qui consiste à promouvoir un islam authentique tolérant et de juste milieu, et aussi la Fondation Mohammed VI des oulémas africains qui contribue à préserver les valeurs de tolérance authentique de l’Islam en Afrique à travers le réseau des oulémas africains.

La décision de la création de cette Fondation s’inscrit dans le cadre d’une perspective globale de coopération constructive et en réponse aux attentes d’un nombre de pays africains dans le domaine religieux. D’autre part, et sous la conduite du Roi Mohammed VI, Commandeur des croyants, le champ religieux a entamé une démarche innovante et conciliante pour un Islam moderne, tolérant, et de paix. La démarche marocaine a séduit en Europe, dont plusieurs pays réclament aujourd’hui l’accompagnement du Royaume, mais aussi en Afrique. Pour notre continent, le modèle marocain est dupliqué au Sénégal, Côte d’Ivoire, Gabon, et autres.

Sur le plan sécuritaire, le Maroc veille au partage de son expérience opérationnelle développée au niveau du continent africain dans le cadre de sa stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, car une grande partie de l’Afrique est devenue la cible prioritaire des djihadistes qui ont perpétré des attaques au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et ailleurs.

L’approche sécuritaire en Afrique est très nécessaire pour combattre le terrorisme et l’extrémisme religieux, mais elle reste insuffisante si les pays africains n’adopteront pas une approche globale et multidimensionnelle, qui devrait s’articuler autour du volet social, économique et religieux.

De plus, le Maroc en tant que partenaire africain est prêt à partager son expérience en matière de lutte contre le terrorisme avec la CEDEAO. Par cette expérience, il peut ainsi jouer un grand rôle pour aider la CEDEAO, et s’intégrer à cette Communauté économique à l’avenir.

Depuis son retour au sein de l’UA, le Maroc s’inscrit dans cette dynamique et plus particulièrement par son entrée au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dans l’espérance d’un avenir commun de paix et de sécurité à construire entre Africains. Sachant que le Maroc possède une réelle expérience en termes de médiation et d’intervention dans les questions de paix et de sécurité en Afrique. (Fin)