
Au moins 17 soldats burundais engagés aux côtés des FARDC (Forces Armées de la RDC) ont été tués lors de violents combats contre les rebelles- Twirwaneho, dans le territoire de Fizi, en province du Sud-Kivu à l’est du Congo. L’armée burundaise, active dans l’Est de la RDC, paie un lourd tribut dans ce conflit régional aux enjeux complexes.
Des combats intenses ont opposé le samedi 12 avril les forces burundaises, alliées aux FARDC et aux Maï-Maï Biloze Bishambuke, aux combattants du groupe armé Twirwaneho, dans les localités de Rugezi et Kabanju, territoire de Fizi, province du Sud-Kivu.
Selon un combattant Twirwaneho contacté par le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, au moins 17 militaires burundais ont été tués au cours de ces affrontements.
« Il y a beaucoup de soldats burundais qui sont morts dans les combats. Nous en avons capturé un, ainsi que leurs radios et leurs fusils », a déclaré ce combattant, sous couvert d’anonymat.
D’après des sources locales, plusieurs soldats burundais ont été vus dans la ville de Baraka, en préparation pour un retour vers le Burundi via le lac Tanganyika. Certains des militaires tués proviendraient du village de Babengwa, où ils opéraient en coordination avec les Maï-Maï Yakutumba.
Une présence militaire justifiée par la lutte contre les groupes rebelles
Officiellement présente depuis mi-août 2022 dans l’Est du vaste pays de l’Afrique centrale, l’armée burundaise justifie sa présence par la lutte contre les groupes armés burundais actifs dans la région, notamment RED-Tabara. Cette organisation rebelle, basée principalement au Sud-Kivu, est considérée par Gitega comme une menace directe pour la sécurité nationale.
À plusieurs reprises, le président Évariste Ndayishimiye a défendu publiquement cet engagement militaire. Lors d’un discours prononcé en 2023 à Gitega, il avait déclaré : « Le Burundi ne peut pas rester bras croisés pendant que des groupes armés terrorisent notre peuple depuis les forêts de l’est du Congo. Nous avons le droit de nous défendre, même au-delà de nos frontières. »
Plus récemment, en février 2024, il avait réaffirmé devant les corps constitués de l’État : « Nos soldats sont au Congo pour traquer les criminels qui déstabilisent notre pays. C’est une opération de sécurisation régionale. »
Des pertes croissantes dans un conflit complexe
Au fil des mois, le rôle de l’armée burundaise s’est étendu, allant au-delà de la lutte contre RED-Tabara. Elle s’est progressivement engagée aux côtés des FARDC et de milices locales contre d’autres groupes armés, notamment le M23 et Twirwaneho. Les combattants de ce dernier ont récemment pris possession de l’ancienne base des Maï-Maï Biloze Bishambuke à Rugezi, un site stratégique utilisé par les forces régulières pour lancer des offensives vers Minembwe, dans une zone majoritairement habitée par les Banyamulenge.
Les pertes du 12 avril constituent l’un des bilans les plus lourds enregistrés par l’armée burundaise depuis le début de son engagement en RDC. Des sources non officielles évoquent des dizaines de soldats tués au fil des mois, dans des opérations souvent menées dans des zones montagneuses et difficiles d’accès.
Des civils en fuite, une nouvelle offensive en préparation
Les combats ont entraîné le déplacement massif de civils, principalement issus de la communauté Bafulero, vers les localités de Mukela, Milimba et Kitchula. Par ailleurs, des sources locales signalent que les Maï-Maï Biloze Bishambuke dirigés par le chef Ngomanzito, auraient eux aussi subi des pertes face aux rebelles-Twirwaneho.
Alors que les affrontements se poursuivent à Rugezi et Kabanju, des informations indiquent qu’une nouvelle offensive de la coalition FARDC–armée burundaise–Maï-Maï est en cours de préparation contre les positions Twirwaneho à Kahololo, dans le territoire d’Uvira. Une information relayée dans un communiqué publié par le groupe rebelle. (Fin)